La plus grande manifestation de chasseurs à Amiens depuis plus de trente ans a réuni 12 000 personnes, mobilisées par la fédération nationale partout en France ce samedi 18 septembre. Ils réclament notamment la démission de leur ministre de tutelle Barbara Pompili.
Venus de tous les Hauts-de-France, des Ardennes, d'Île-de-France et de Belgique, ce sont pas moins de 12 000 chasseurs qui sont retrouvés à Amiens samedi 18 septembre, selon la préfecture de la Somme.
C'est un succès pour l'appel à la mobilisation lancé par la fédération nationale des chasseurs, présidée par Willy Schraen, par ailleurs président de la fédération des chasseurs des Hauts-de-France.
Il s'agit du plus important rassemblement de chasseurs à Amiens depuis 1989, quand 25 000 personnes avaient manifesté, déjà à l'époque, pour la défense de la ruralité.
Des cortèges doivent défiler en même temps dans les rues de Mont-de Marsan (Landes), Caen (Calvados), Orléans (Loiret), Charleville-Mézières (Ardennes), Redon (Ille-et-Vilaine) et Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence).
Les chasseurs entendus par l'Elysée
Dans un discours d'une quinzaine de minutes, Willy Schraen a commencé par fustiger la décision du Conseil d'Etat début août qui a annulé plusieurs autorisations de chasses traditionnelles, jugeant "que ces autorisations délivrées par le ministre chargé de l'Environnement ne sont pas conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux".
Pour Willy Schraen, cette décision a été "la goutte d'eau qui a fait débordé le vase", rappelant que "ces chasses sont présentes depuis des millénaires pour certaines". Toutefois, M. Schraen s'est félicité de l'annonce par le ministère de la Transition écologique mercredi 15 septembre de mettre à consultation huit arrêtés pour la saison de chasse 2021-2022 jusqu'au 6 octobre. Ces arrêtés devraient sans surprise être à nouveau attaqués en référé devant le Conseil d'Etat par la Ligue de protection des oiseaux.
"Il y a eu une intervention, je le dis honnêtement de l'Elysée, de l'exécutif qui a permis de repositionner ces arrêtés. On nous avait dit qu'ils étaient mal argumentés par le ministère de la Transition écologique. Là, ils ont été argumentés différemment, car la fédération des chasseurs a participé à cette rédaction". La consultation, sur le site internet du ministère est ouverte à tous, chasseurs comme écologistes.
"Qu'on nous foute la paix !"
Citant un message insultant et violent reçu le matin même via les réseaux sociaux, Willy Schraen a a appelé à la rédaction d'une loi qui "protège les chasseurs". Ils seraient, selon lui, attaqués au quotidien virtuellement et physiquement : "On ne demandera jamais à un vegan de manger de la viande. Qu'on nous foute la paix !"
Comme attendu, le président de la fédération nationale des chasseurs a demandé la démission de Barbara Pompili : "Cela fait des dizaines d'années qu'au ministère de l'Ecologie, on met un écologiste. Pourtant, on le sait tous, il n'y a rien de pire qu'un écologiste pour gérer la nature". Willy Schraen en a profité pour réclamer un grand ministère de la Ruralité, réunissant l'Agriculture, les Territoires et la Biodiversité, plus adapté aux intérêts des chasseurs : "On se sentira enfin chez nous, on se sentira enfin écoutés et on aura enfin un vrai avenir pour nos territoires".
Elus et pêcheurs en soutien
Les pêcheurs sont venus soutenir les chasseurs au nom de "la défense de la vie rurale", notamment à l'appel de la fédération de pêche de la Somme.
Des élus aussi, de droite et du centre pour la plupart, ont fait le déplacement, comme Brigitte Fouré, maire UDI d'Amiens, Pascal Demarthe, maire UDI d'Abbeville, Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France et candidat à l'élection présidentielle ou encore le sénateur LR Laurent Somon.