Le collectif Règles Solidaires offrira à la rentrée prochaine des kits de serviettes hygiéniques lavables à destination des étudiantes boursières de l'université d'Amiens. Un projet solidaire, local et écologique créé en lien avec une association de salariés en insertion chargés de la confection.
Tout est parti d'un constat pour Nathalie Lachambre, coordinatrice du collectif Règles Solidaires : "entre choisir de manger ou mettre des serviettes, il faut choisir de manger", affirme-t-elle.
En France, environ 1,7 million de personnes ont des difficultés à se fournir en protections hygiéniques. Et pour les étudiantes, dont 19% vivent sous le seuil de pauvreté en 2015 selon l'inspection générale des affaires sociales, le budget des règles (environ 7,50 euros par cycle) est conséquent.
Si le gouvernement accorde désormais une enveloppe de 5 millions d'euros pour lutter contre la précarité menstruelle et si plusieurs actions ont été annoncées comme l'installation de distributeurs de protections jetables dans les universités, force est de constater que ce n'est pas suffisant. "5 millions d'euros ce n'est pas beaucoup. On milite pour ce que ce soit carément gratuit", affirme Nathalie Lachambre.
Avec une autre association amiénoise, l'Acte Citoyen, qui soutient les actions solidaires citoyennes et une étudiante de l'UPJV engagée dans la lutte contre la précarité menstruelle, elle décide de monter le collectif dans l'idée de proposer bien plus qu'une collecte de produits d'hygiène.
"Les étudiantes ont aussi le droit à être écolo"
Pour définir les besoins, le collectif Règles Solidaires s'est tourné directement vers les étudiantes. "On a fait des études pour savoir ce qu'elles préféraient : les protections jetables, les culottes ou les serviettes lavables. Et on s'est rendu compte que le lavable l'emportait largement, affirme Nathalie Lachambre. Nous, on est la génération tampon, mais pour les jeunes aujourd'hui l'écologie c'est vraiment quelque chose qui leur tient à cœur. On s'est dit que les étudiantes avaient aussi le droit à être écolo."
Après une enquête sur 227 étudiantes boursières de l'UPJV d'Amiens, 78,9% optent pour la culotte menstruelle et 50,2% pour les serviettes lavables. "Le problème c'est que les culottes, cela coûte très cher, alors on a opté pour les serviettes", précise la coordinatrice de Règles Solidaires.
À ce moment-là, l'association d’économie sociale et solidaire Ozange-Ménage Service venait de créer un atelier de couture à Amiens. L'initiative tombe à pic. Les salariées en insertion qui apprennent le métier de couturière s'atèlent donc à la confection des serviettes lavables. 13 kits sont testés par des femmes habituées ou non à ce type de protection. "Les retours ont été très positifs, affirme Nathalie Lachambre. On a donc créé un kit avec deux serviettes à absorption normale et une autre pour la nuit qui seront fournies avec une pochette."
Un projet solidaire, écologique mais aussi local. Les matériaux utilisés étant en partie achetés auprès de l’entreprise Malterre à Moreuil dans la Somme.
Un budget de 100 000 euros
Une fois prêts, les kits seront remis au service de santé universitaire de l'UPJV en vue d'une distribution à la rentrée prochaine. "On aimerait en sortir 100 déjà, mais il faut trouver les fonds. Pour un kit il faut compter 25 euros", précise la coordinatrice de Règles Solidaires. Multiplié par le nombre d'étudiantes boursières, soit 4296, le budget s'élève ainsi à plus de 100 000 euros.
Le collectif a donc mis en place une cagnotte en ligne et espère pouvoir récolter des fonds auprès des pouvoirs publics. "Pour le moment on a pu récolter 2000 euros, mais l'idée c'est de lancer le projet quand même. C'est aussi l'occasion pour nous de recréer du lien avec les étudiants qui ont beaucoup souffert durant le confinement", affirme Nathalie Lacambre.
Pour contribuer au projet, il est possible de faire un don directement via la cagnotte en ligne. Les kits de serviettes sont également en vente auprès du public. Pour l'achat d'un kit avec pochette d'une valeur de 30 euros, une serviette sera offerte aux étudiantes.