Amiens : les associations, en première ligne pour lutter contre la précarité menstruelle

Le gouvernement a annoncé le mise en place de distributeurs de protections gratuites dans les universités dès la rentrée prochaine. Mais pour l'heure, la lutte repose essentiellement sur un tissu associatif. À l'Agoraé, une épicerie solidaire d'Amiens, les protections hygiéniques sont gratuites.

Dans les rayons de cette épicerie d’Amiens, les produits et les marques sont divers et les présentations, classiques. Mais une note fait toute la différence : "toutes les protections périodiques (serviettes, tampons) sont gratuites."

L’Agoraé est une épicerie solidaire. Ici, les étudiants viennent faire leur course à prix bas. Alors qu’on estime à 1,7 millions le nombre de personnes qui ont des difficultés à se fournir en protéctions hygiéniques en France, l’épicerie participe à sa manière à lutter contre la précarité menstruelle. Car pour les bénéficiaires de l'Agoraé, qui vivent avec moins de 7 euros 60 par jour après avoir payé le loyer et les charges, le budget des règles (environ 7,50e par cycle) est conséquent. Cela ammène certaines à choisir entre produits hygiéniques et alimentaires.



Le fait de ne pas pouvoir s’offrir de quoi vivre ses menstruations dignement peut provoquer des troubles psychiques et psychologiques (infections, perte de confiance en soi, difficultés d’insertion…). Problème : difficile d’en parler. Pour beaucoup, le tabou des règles persiste. "Demander à l’Agoraé, des personnes que je ne connais pas, avec des garçons, ça me gênait, avoue Kenza Cormier, étudiante en master 1 de santé publique. Je dois leur avouer déjà, que je n’ai pas d’argent et que c’est un problème menstruel. Même si la société évolue, c’est compliqué de parler des règles."

Aujourd’hui, Kenza est elle-même bénévole à l’Agoraé. C'est avec le premier confinement, qu'elle s'est retrouvée confrontée à la précarité menstruelle. "Il m'a fallu un moment avant de me dire que j'avais besoin d'aide". 

Récolter 10 000 protections hygiéniques à Amiens.

Depuis 2020, l'association Unis Cité fournit à l’épicerie des protections hygiéniques, récoltées en partie, grâce à une trentaine de points de collecte à travers la ville et des dons de professionnels. "Lors de la première édition sur Amiens, il y a eu 2500 protections collectées. Actuellement, on en est à 7 000", explique Pierre Midoux, en service civique à l’association. Mais ils sont ambitieux. Objectif pour 2021 : récolter 10 000 protections hygiéniques à Amiens.


Aujourd'hui, la lutte contre la précarité menstruelle repose principalement sur le tissu associatif. Le 23 février 2021, le gouvernement a cependant annoncé l’installation de distributeurs de protections gratuites dans les résidences universitaires des CROUS et les services de santé universitaires. Une mesure d’aide qui rappelle celle de l’Écosse. En novembre 2020, il est devenu le premier pays au monde à fournir des protections périodiques gratuites pour toutes les personnes qui en ont besoin, et pas uniquement  les étudiantes. 


Mathilde Lalouette, Présidente de la Fédération Syndicale Étudiante Amiens Picardie salue la mesure prévue pour le ministère de l'enseignement supérieur. "C’est déjà un bon début, un premier pas." Mais elle craint que le dispositif ne soit pas assez efficace. "On a 1,5 millions d’étudiants, pour 150.000 distributeurs. Pour toute la France, c’est largement insuffisant".

À Amiens, l'UPJV et les associations étudiantes travaillent déjà depuis plusieurs semaines pour la mise en place de cette gratuité à la rentrée prochaine.


Combien coûtent les règles ?

Serviettes légères pour le début et la fin du cycle, d'autres plus absorbantes pour le milieu, et des longues pour la nuit... Pour une femme ayant des règles d’une durée et d’un flux "moyen", elle dépense environ 7,50 euros par cycle – soit près de 3 500 euros pour une vie (si on considère qu’une femme a ses règles pendant 39 ans). Sur le site du journal Le Monde, un calculateur permet de savoir combien vous avez dépensé depuis vos premières règles. 

Mais comme le souligne le quotidien, il faut aussi prendre en compte les dépenses occasionnelles liées aux règles (sous-vêtements et draps tâchés, visites gynécologiques, antidouleur etc...). Si chaque cas est différent, pour les plus précaires, les dépenses en hygiène menstruelle peuvent représenter jusqu’à 5 % du budget d’une femme. 

 

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