Action symbolique des cinémas picards contre la décision "prévisible" mais "préjudiciable" de report d'ouverture

Ce mardi 15 décembre, date programmée de réouverture des salles obscures, les cinémas picards ont allumé leurs enseignes pendant une heure. Une action symbolique pour protester contre la décision du gouvernement de différer la reprise, vécue par la filière comme une injustice.

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Ils devaient rouvrir leurs portes ce mardi 15 décembre et puis finalement non. Les cinémas restent fermés jusqu'à nouvel ordre au grand dam des cinéphiles et des travailleurs du septième art. En guise de protestation, ils ont allumé leur enseigne ce soir, entre 17h et 18h, à l'appel de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) pour rappeler qu'ils constituent "un lien social et culturel essentiel à notre pays".

Toujours pas de bamboche au cinoche

Trois semaines de préparation, de réunions et d'ajustements balayées en une conférence de presse, jeudi dernier. "Tout ça pour une décision extrêmement prévisible, soupire Boris Thomas, directeur programmateur du Ciné Saint-Leu. La perspective était certes réjouissante mais on était dubitatifs depuis le début sur le plan sanitaire. Qui pouvait imaginer qu'on se débarrasse d'une telle épidémie en plein mois de décembre ?"

Pour la FNCF, qui pointe un gaspillage d'investissement humain et financier, la pilule est dure à avaler. Surtout en regard des mesures appliquées dans les autres lieux ouverts. "C'est sûr que quand on voit les protocoles sanitaires extrêmement légers pratiqués dans les magasins, sans sens de circulation ni réelle distanciation physique, on ne comprend pas et c'est vécu par la profession comme une grande injustice, abonde le directeur du cinéma d'art et d'essai, amer. Mais même si on proteste, on reste conscients de la gravité de l'épidémie et c'est bien pour ça qu'on accepte cette situation."

Sur un plan purement sanitaire, je pense que le problème n'est pas que les cinémas restent fermés, mais plutôt que les autres commerces soient ouverts.

Boris Thomas

Réouverture potentielle en janvier

Ce mardi, l'équipe du Ciné Saint-Leu avait à cœur de projeter "Drunk", déjà à l'affiche en octobre dernier quand la structure avait dû fermer ses portes. Tout comme le film d'animation "Josep" ou le documentaire "Un pays qui se tient sage" sur les violences policières, "l'un des grands sujets de l'automne". Il faudra pourtant attendre le prochain point d'information du 7 janvier pour envisager une réouverture potentielle.

"Le problème, c'est qu'il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour s'y remettre, comme semble le penser Roselyne Bachelot, explique le directeur du Ciné Saint-Leu. La filière a besoin d'au moins trois semaines pour se réorganiser." Trois semaines, comme en juin dernier à la suite du premier confinement, pour relancer la machine.

On a besoin d'une date fixe, aussi lointaine fût-elle, arrêtée en concertation avec la filière pour se remettre au travail.

Boris Thomas

Absence de concertation

En attendant, les cinémas rongent leur frein en espérant une amélioration la plus rapide possible de la situation sanitaire, synonyme de réouverture. Avec la crainte si la fermeture devait se prolonger encore que le public change ses habitudes et se tourne vers les plateformes de vidéo à la demande, au détriment des salles obscures. "On fait confiance à notre public, curieux par nature pour qui le cinéma est un spectacle qui se vit en salle", rassure le programmateur.

Il y a eu la télévision, puis la VHS et maintenant les plateformes numériques : tous les dix ans, on nous prédit la mort du cinéma en salle et pourtant il existe depuis 125 ans.

Boris Thomas

Chômage partiel, plan de relance, aides des collectivités : les cinémas parviennent à joindre les deux bouts en attendant des temps meilleurs. Mais ils déplorent un manque de concertation du gouvernement et de leur ministre tutélaire, vers qui seront tournés tous les regards, début 2021. Avec la perspective d'une réouverture au 20 janvier, date initialement prévue de l'étape 3 du déconfinement.

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