L'aventure se termine en apothéose pour les lycéens amiénois. Après avoir donné une conférence à New Delhi en avril, les élèves bac pro animation d'Edouard Gand ont été reçus à Paris, où ils ont pu rencontrer le ministre de l'Education nationale, visiter l'Assemblée nationale et assister au défilé du 14 juillet. Une belle récompense pour un travail qui a commencé il y a deux ans.
Nous les avions rencontrés au mois d'avril à quelques jours du départ pour New Delhi. Neuf élèves de bac pro animation du lycée Edouard Gand devaient intervenir devant des ambassadeurs du monde entier pour parler des soldats indiens qui ont participé à la Grande Guerre, lors d'une conférence internationale organisée sur le sujet.
Aujourd'hui ils étaient aux premiers rangs des invités pour assister au défilé du 14 juillet à Paris : "c'est tellement immense même pour moi qui ne suis pas un grand fan des choses militaires, reconnaît Louis Teyssedou, professeur de lettres-histoire au lycée professionnel Edouard Gand qui a organisé le projet. Quand la garde nationale ouvre avec les tambours et les trompettes, quand on a la patrouille de France, quand on a les légionnaires ou les Saint-Cyriens qui défilent, que vous ayez 17 ans ou 90 ans, vous êtes scotchés. C'est grandiose. "
Installés près de la tribune présidentielle, les élèves ont pu vraiment profiter du spectacle et même reconnaître certains soldats. "Il y a eu les Indiens qui ont défilé en premier, relève l'enseignant, et en fait, quand on est parti en Inde, on a eu le droit à une cérémonie officielle à New Delhi. C'était assez impressionnant et là, ce matin, c'est eux qui étaient là. Les élèves les ont reconnus. ils ont tilté. C'est la même unité du Penjab. Le dernier jour à New Delhi, on avait remis une couronne au National War Memorial, une sorte d'obélisque érigé pour toutes les guerres après 1947, après l'indépendance".
Cette invitation récompense un travail fourni depuis deux ans par ces jeunes amiénois. Ils ont travaillé sur des clichés pris notamment par Raoul Berthelé. En 1915, cet officier français profitait de son temps libre pour capturer le quotidien des soldats à Amiens au début de la guerre, dont des soldats indiens.
"Ce qui est bien, se réjouit Louis Teyssedou, c'est qu'ils ne sont pas invités parce qu'ils sont bien gentils. Ça a du sens. Ils sont invités parce qu'ils ont bossé le sujet et ils en sont conscients". D'autant plus conscients que ces jeunes lycéens sont aujourd'hui bacheliers. "Ils ont eu le bac il y a une semaine, souligne leur professeur, s'ils n'ont pas envie d'être là, ils ne sont pas là mais ils sont venus".
Et pourtant, le séjour n'était pas de tout repos. Arrivés le 13 juillet à Paris, les lycéens ont d'abord répondu à l'invitation du ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye à qui ils ont présenté leurs photos.
Ce travail a été remarqué. La Direction de la mémoire, de la culture et des archives (DMCA) qui les soutient depuis le début, est à l'origine de l'invitation. "Le 3 janvier, je ne savais pas encore que j'irai en Inde avec les élèves" note Louis Teyssedou. Et c'est tout naturellement, que la DMCA reconduit son invitation, cette fois pour le 14 juillet, la présence du premier ministre indien étant annoncé.
"L'Assemblée nationale, c'est un lieu de pouvoir, donc forcément on est très impressionné"
Autre temps fort de ce séjour parisien, la visite à l'Asssemblée nationale, un haut lieu de la République qui les a tous "impressionnés" reconnaît Louis Teyssedou. "Quand vous arrivez au ministère ou à l'Assemblée nationale, le lieu subjugue. Il vous en impose. C'est la République, un lieu de pouvoir, donc forcément, on est très impressionné. Comme dit Maxence, c'est une dinguerie. On a pensé tout petit et grâce à la DMCA, on a pu grimper les étages".
Et pour bien terminer cette première journée, les élèves n'ont pas hésité à marcher plus d'une heure et demi, faute de transports en commun, pour aller admirer la tour Eiffel éclairée. Pour deux d'entre eux, c'était la première fois qu'ils visitaient Paris. Malgré un coucher tardif, tous étaient debout dès potron-minet pour être à l'heure au rendez-vous place de la Concorde ce 14 juillet.
À la mi-journée, les lycéens étaient de retour chez eux. Sur les treize de la classe pro animation, douze ont obtenu le baccalauréat, un taux de réussite exceptionnel pour leur enseignant. "Avec ce projet, il y a eu un mieux vivre. Les élèves ont toujours été présents. Maxence par exemple, c'est un gamin qui ne voulait pas continuer après le collège, et là, il finit avec la mention très bien et il a eu son premier voeu Parcoursup".
"Tous sont contents de leur orientation" assure Louis Teyssedou. Quelque soit leur orientation, tous sont portés par une même spirale positive et garderont à jamais leur travail sur la mémoire et ces moments uniques de fraternité.