Plus de 800 ex-Goodyear contestent ce jeudi le caractère économique de leur licenciement devant les Prud'hommes. Quatre ans après la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord, le combat judiciaire se poursuit entre le fabricant de pneumatiques et ses anciens salariés.
C'est un conflit vieux de 11 ans dont une nouvelle page s'écrit à partir de ce jeudi au Zénith d'Amiens. La salle de concert s'est transformée en salle d'audience, alors que plus de 800 anciens salariés de Goodyear attaquent le groupe sur le front des Prud'hommes. Ils nient la qualification économique de leur licenciement survenu quatre ans plus tôt à la fermeture de l'usine d'Amiens-Nord, point d'orgue d'un bras de fer entre la direction et les syndicats né en 2007.
Cette année-là, la direction décide de recentrer la production de ses usines européennes sur les pneus à haute valeur ajoutée. Les deux sites amiénois, Goodyear au nord et Dunlop au sud, sont appelés à se regrouper, et la direction pousse à la réorganisation du temps de travail en 4X8. Au fil des années, les plans sociaux s'enchaînent, tandis qu'est longtemps évoquée la perspective d'une reprise par le groupe américain Titan.
Finalement, en 2013, l'usine cesse toute activité. 1143 emplois sont supprimés. En janvier 2014, déterminés à négocier les conditions de départ, des salariés séquestrent deux cadres du groupe avant de les relâcher trente ans plus tard. Pour huit des personnes impliquées, un nouveau front s'ouvre sur le plan judiciaire. Il aboutit en 2017 à la condamnation de sept d'entre eux à de la prison avec sursis pour séquestration ou violence en réunion. Avec le rejet du pouvoir en cassation, la sentence est confirmée.
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Reste la bataille de la requalification. Selon la direction de l'entreprise, 346 personnes ont retrouvé un travail à la suite de leur licenciement, 102 créé leur entreprise, 188 pris leur retraite et 189 "quitté le congé de reclassement" après une "formation qualifiante".