On entend de plus en plus parler de l'importance "d'être d'accord ou pas", l’éducation au consentement commence très tôt. C’est aux parents d’expliquer à leur enfant ce qui est permis ou pas et ce que signifie donner son accord. Cependant ce n'est pas une chose facile à faire.
Toutes les relations interpersonnelles induisent une forme de consentement. La capacité à dire "oui ou non" demande d'avoir été accompagné depuis tout petit dans le respect de soi. En ce qui concerne l'intimité et la notion de consentement, cela fait partie des apprentissages dès la petite enfance.
Et c'est essentiel pour que l'enfant apprenne où est son corps, ce qu'il a le droit d'en faire et ce qu'il a le droit de faire ou non aux autres.
Le consentement, c’est quoi ?
Contrairement aux idées reçues, le consentement dépasse la sphère médicale ou intime et devrait être expliqué dès le plus jeune âge. Donner son consentement désigne à la fois le fait de donner son accord et ce qui résulte de cet accord. Ce qui complique l'application de cette notion réside dans le fait que pour que l’individu soit capable de donner son consentement, son autorisation, il faut qu’il soit déjà conscient de lui, de son corps, de ses limites et de ses droits. Il est important de dire aux enfants que leur corps leur appartient et qu’ils ont droit à leur espace personnel.
>>> Écouter le podcast sur le consentement avec Eugénie Adam, ci-dessous
Dès qu'on donne le bain
Sur le plan éducatif, il est essentiel d’expliquer aux enfants ce que signifie la notion de consentement, ce qui est permis ou non, et d’utiliser la notion de « donner son accord ». Cela commence, en effet, dès la petite enfance, quand on change un bébé, quand on lui donne son bain. Il s'agit de lui parler, de lui expliquer ce que l'on fait et pourquoi on le fait. Comme le dit Eugénie Adam, psychologue clinicienne "ce n'est pas un droit mais un devoir".
Il est important de prendre soin de son hygiène, de sa santé. Il est important de respecter ses pleurs et ses demandes pour qu'il se sente apaisé. Un peu plus tard quand il grandit, il faut accepter qu'il choisisse ses vêtements pour se sentir à l'aise dans son corps et dans sa tête.
C'est lui dire qu'il a ses propre goûts
Eugénie Adam, psychologue clinicienne
Même si cette tenue ne correspond pas aux attentes des parents, il est important de l'accepter et de communiquer afin que l'enfant n'obéisse pas sans avoir une explication rationnelle. Et cela pour éviter le sentiment que l'adulte est tout-puissant et à qui on ne peut pas dire non. Il est nécessaire en tant que parents de se poser la question du sens des règles que l'on souhaite transmettre: pourquoi doit-on dire bonjour, pourquoi doit-on faire un bisou à un inconnu, pourquoi doit-on mettre un manteau, etc....
Les cours à l'école
La notion de consentement est une partie transversale à toutes les activités mise en place lors des cours d'éducation à la sexualité qui se font de la maternelle à la fin de la scolarité obligatoire, voire en études supérieures. Selon l'âge, les cours sont adaptés. Sabrina Sénécal, conseillère conjugale et familiale planning familial du Pas-de-Calais qui intervient dans les écoles souligne l'importance d'habituer les enfants à donner leur consentement libre sans contrainte parce qu'après c'est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. L'objectif est de savoir poser ses limites et aussi savoir accepter celle des autres. Lors de ses cours d'éducation l'intimité est abordée avec le respect de son corps. À mesure que les enfants grandissent, la notion de consentement s'oriente avec les gestes d’intimité qui changent. Mais quand les bonnes habitudes sont prises, l’adolescent sait exprimer ce qu’il ressent et ses limites. Il a appris à dire « non » et n’a pas peur du rejet.
Éduquer les enfants au consentement c’est encore une fois montrer l’exemple. L’adulte ne peut pas disposer du corps de l’autre, quel que soit son âge ou sa fonction. Il doit demander l’autorisation, aussi bien pour un acte médical que pour prendre une photo.
Si on peut avoir peur de donner son consentement par peur de perdre la spontanéité, c'est surtout la culpabilité que cela peut induire.
Apprendre le consentement aux enfants, c’est d’abord leur montrer de quelle manière se protéger, mais aussi comment écouter les autres pour leur permettre une meilleure estime de soi et c'est les préparer à être des individus responsables d’eux-mêmes, de leurs droits et devoirs.
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