Une fois guéris du Covid-19, les malades qui sont passés par la réanimation n'en ont pas fini avec les soins. Les séquelles peuvent être importantes. Beaucoup sont ceux qui doivent passer par une unité de rééducation respiratoire. Exemple à Amiens.
Dans un des services de la clinique Pauchet à Amiens, Jean-Louis pousse en position assise avec ses jambes une plateforme plusieurs fois de suite. Un exercice difficile pour cet homme de 71 ans. Atteint du Covid-19, Jean-Louis s'est retrouvé en coma artificiel dans un service de réanimation pendant un mois. Plusieurs semaines après en être sorti, il avoue avoir des séquelles musculaires et respiratoires importantes : ses poumons sont lourdement touchés.
Plusieurs semaines de rééducation
Une fois capable de respirer seul, son corps doit désormais tout réapprendre : "quand je suis arrivé ici, je ne savais plus manger. Je ne savais plus m'occuper de moi, explique-t-il. J'étais comme un bébé".Patrice est installé sur un vélo. Il pédale depuis plusieurs minutes mais le souffle est bien là. Cet homme de 64 ans a attrapé le coronavirus en déjeunant avec un ami lui-même atteint. C'était au tout début de l'épidémie et il n'en savait rien. Il a dû être hospitalisé quelques jours après en réanimation à cause d'un poumon décollé. "Je termine ma cinquième semaine de rééducation et on va dire que j'ai retrouvé 95% de mes moyens physiques", confie-t-il, optimiste.
Relancer toute la machine
Jean-Louis, lui, a quitté la presse pour ses jambes. Il marche dans le couloir le long d'une ligne rouge. Pendant ce test, Perrine Vandemaele, kinésithérapeute, lui demande de se concentrer sur sa respiration pendant 6 minutes. Relancer les muscles, le cœur, le souffle. Retrouver de l'endurance. C'est l'objectif de ces exercices de réadaptation programmés 5 jours pendant 3 semaines. "L'alitement a un effet dévastateur sur les muscles puisqu'ils ne sont pas sollicités, explique Clément Carpentier, enseignant en activité physique adaptée. Et le but de notre prise en charge, c'est de remettre progressivement tout ça en marche.""On constate qu'ils ont tous une grande fatigabilité après la maladie et forcément un essoufflement rapide à l'effort", explique Perrine Vandemaele. Actuellement, sur la vingtaine de patients pris en réadaptation post-réanimation à la clinique Pauchet, seuls deux ont encore besoin d'une assistance respiratoire. Tous les autres ont retrouvé quasiment toutes leurs capacités physiques. Reste aussi à retrouver le bien-être psychologique, après ce que les patients passés en réanimation appellent un trou dans leur vie.