Pour éviter tout risque de contagion, les généralistes du département se tournent largement vers la téléconsultation qui leur permet de rassurer leurs patients et d'établir un premier diagnostic à certaines pathologies, dont le coronavirus.
Jusqu'au début de la crise sanitaire actuelle, chez les médecins, le télétravail était l'exception et peu de généralistes avaient recours aux téléconsultations. Mais le coronavirus a rebattu les cartes et les consultations en ligne – via des applications dédiées, avec ou sans vidéo – se normalisent. Pour les cas de figure qui le permettent, bien sûr.
Rassurer les patients, éviter les risques
"On ne remplacera jamais le contact humain pour prendre un pouls ou mesurer une tension", reconnaît Stéphane Foulon, médecin à Amiens. Mais pour rassurer les patients, établir un pré-diagnostic ou détecter les premiers symptômes du Covid-19, une consultation à distance peut s'avérer suffisante et éviter des risques inutiles de contamination.Parce que si la priorité actuelle demeure la lutte contre le coronavirus, il reste nécessaire de s'occuper des maladies plus classiques. Alors que certains patients hésitent à contacter leur médecin pour ne pas le déranger, au risque de se mettre en danger, les généralistes poursuivent leur travail d'accompagnement auprès de la population, peu importe la pathologie.
Des outils numériques bien accueillis
En pratique, les médecins qui pratiquent la téléconsultation utilisent soit les applications classiques de conversation en ligne, qui proposent la plupart du temps une option vidéo, soit Prédice, une plateforme publique dédiée. Cette dernière était depuis quelques temps dans les tuyaux de l'agence régionale de santé (ARS) qui a accéléré son déploiement après les événements récents.Des outils numériques plutôt bien acceptés par l'ensemble de la profession, comme par les patients, estime Stéphane Foulon, qui effectue aujourd'hui en moyenne sept téléconsultations par jour.
Hier j'ai effectué une consultation en ligne avec une personne âgée. Tout s'est très bien passé et l'échange s'est même avéré assez plaisant, même si le relationnel est forcément différent. La fin de consultation est un peu brutale : on clique et la vidéo s'arrête.
Du médecin au pharmacien
Une fois l'appel terminé, le médecin télétransmet les pièces nécessaires au soin. "En général, j'envoie un fichier de plusieurs pages avec l'ordonnance, mais aussi des fiches de surveillance et des recommandations", poursuit le généraliste amiénois. Et lorsque le patient n'a accès ni à une imprimante, ni à une boîte mail, le praticien s'arrange pour envoyer l'ordonnance directement à la pharmacie, par courriel ou par fax.Dans les pharmacies également, on s'adapte à la crise sanitaire : depuis le vendredi 27 mars, la plateforme Prédice intègre un système de télésoin. Les pharmaciens ont ainsi la possibilité d'échanger à leur tour à distance avec les patients sur leur traitement une fois l'ordonnance transmise, explique Gregory Tempremant, président de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens des Hauts-de-France.
Ensuite, on prépare les médicaments et on organise la livraison si la personne ne peut pas se déplacer. Et on a la possibilité de se reconnecter pour donner des explications complémentaires aux patients.
"Il y avait un avant, il y aura un après"
Une nouvelle approche imposée par l'urgence de la situation sanitaire. Pour autant, "cela n'a fait qu’accélérer une évolution inéluctable des pratiques", estime Gregory Tempremant. Le programme Prédice, qui trouve son origine bien avant l'apparition du coronavirus, était notamment envisagé comme une solution aux déserts médicaux. "Il y a nécessité à réinventer notre métier, complète Stéphane Foulon. Il y avait un avant, il y aura un après."Toutefois, les professionnels de santé semblent s'accorder sur un fait : la téléconsultation ne pourra jamais remplacer une véritable auscultation. Elle reste un outil complémentaire qui n'a pas vocation à remplacer un rendez-vous physique chez un généraliste.