Un événement rare dans le paysage culturel d'une ville moyenne : le 12 décembre, un tout nouveau théâtre va ouvrir ses portes à Amiens. Un lieu dédié uniquement au rire et à l'humour. Bienvenue à la Comédie d'Amiens, un projet porté par Bruno Romier, metteur en scène et producteur, qui espère bien capter un public populaire, peu habitué à la fréquentation d'une salle de spectacles.
Jeudi 12 décembre, à 20 heures 30, au 5 rue de Sully, dans le quartier émergeant de Montières, à Amiens, c'est à un véritable événement qu'est convié le public. Le premier et unique théâtre privé dédié à la comédie dans cette ville, accueillera ses 200 premiers spectateurs, enfin, Bruno Romier l'espère, pour Le Dîner de Cons, la pièce culte de Francis Veber.
"C'est une vraie programmation de Noël que nous proposons. Un florilège de succès comiques : Une vie Sur Mesure suivra le Dîner de Cons, avec le comédien amiénois Gabriel Charbonnet, qui rêvait de jouer dans sa ville de naissance. D'ailleurs les réservations pour ce spectacle sont parties très vite, la salle est déjà quasi pleine."
"Les Amiénois pourront aussi rire à l'humour caustique du Comte de Bouderbala, Massacre à la Princesse, Les Hommes sont des Femmes comme les Autres... 7 dates jusqu’à fin décembre, 7 spectacles, qui ont tourné dans toute la France et ont rencontré partout un grand succès. Je recommande donc vivement de réserver sur notre site comedie-amiens.fr", incite Bruno Romier.
"Il y avait une place à prendre dans une ville comme Amiens"
"Comme de nombreux événements positifs dans ma vie, j'ai choisi Amiens par hasard. J’avais d'abord pensé au Havre, mais cela n'a pas abouti, poursuit Bruno Romier. Puis un ami m'a vivement conseillé de m'intéresser à Amiens. Cette ville présentait un réel intérêt, car elle n'est dotée d'aucun théâtre privé digne de ce nom et sa zone d'influence concerne potentiellement 400 000 personnes. Ce qui n'est pas négligeable ! Restait à trouver le lieu d'implantation. Et là, coup de chance encore : grâce à l'aide d'un agent immobilier que je ne remercierai jamais assez, une SCI se propose de construire le théâtre dans le quartier de Montières, en pleine recomposition, sur une friche, rue de Sully."
"La Comédie d'Amiens, c'est le nom de cette nouvelle scène, peut accueillir 200 personnes sur 350 mètres carrés. Et si la construction du bâtiment et de la scène ne m'a pas coûté un centime, il me faut payer un loyer et surtout apporter tout l'aménagement intérieur : les chaises, la lumière, le rétro projecteur et même un four à pizza. Il n'y a pas de point de restauration proche, donc je prévois une partie snack-bar avec boissons, planches et pizzas. C'est une course contre-la-montre pour être absolument prêts le 12 décembre, mais je suis formidablement entouré", affirme-t-il.
Et pour boucler son sprint final, Bruno Romier lance un financement participatif en ligne sur la plate-forme française "Ulule". Les mécènes, même les plus modestes, sont invités à verser leur écot à compter du jeudi 7 novembre.
"Pas question de faire du parisianisme, donc je m'ouvre totalement aux acteurs locaux"
En parallèle de l'activité purement théâtrale, axée entièrement sur la comédie, Bruno Romier lance aussi rue Sully, une école de théâtre ouverte à tous, et surtout aux amateurs de tous âges. "Enfants, ados, adultes ou séniors, tout le monde est le bienvenu. En ce moment, nous sommes dans la phase de recrutement pour nos cours et ateliers théâtre. On veut recruter 4 ou 5 enseignants qui habitent la région pour des groupes de 10 à 15 élèves. Si la formule séduit, on ouvrira d'autres créneaux si nécessaire et puis bien sûr, nous prévoyons des spectacles de fin d'année avec nos élèves."
Une école qui offrira aussi un cours de théâtre thérapeutique animé par un intervenant professionnel et un sophrologue. "Je veux favoriser le bien-être des élèves, faire de l'apprentissage du théâtre un plaisir pour tous. Et puis bien sûr, je ne m'interdis pas de convier sur la scène des compagnies ou des acteurs régionaux", ajoute Bruno Romier, qui vit à Paris depuis 10 ans, mais revendique ses origines provinciales.
"J'ai été biberonné aux émissions de Guy Lux et Michel Drucker"
Très attaché à sa ville natale, Angers, Bruno Romier est un autodidacte dans le monde du théâtre où il a fait son chemin à force d'audace et de persévérance. "Ma mère était femme de ménage et mon père plombier. J'ai été élevé dans un milieu très modeste. Les soirs, on regardait les émissions de Drucker ou Guy Lux. Et j'ai dû arrêter tôt ma scolarité pour des raisons de santé. J’ai été orienté vers un apprentissage de pâtissier, mais à 17 ans, je décide d'animer une émission de radio locale. Une aventure qui a duré deux ans et qui fut une révélation. Je me suis découvert une appétence pour le monde du show-business, le monde des paillettes, de la lumière. Je rêvais de devenir le producteur de Claude François que j'admirais beaucoup !"
"Je me sentais différent, c'est une évidence. Avec mon enfance, soit on devient le produit de son éducation, soit on s'en extirpe, en quête d'une revanche. Ce désir a été une force porteuse. Je voulais prouver que je n'étais pas un imbécile, du coup, je lisais, beaucoup, je m'informais, énormément".
Vendeur de disques, puis tourneur, comme on dit dans le métier, il fait venir les têtes d'affiche de l'époque dans sa ville : Jeanne Mas, Francis Lalanne, William Sheller... Puis il lance un festival : Les Soirées au Château. "Un festival qui mêlait danse et théâtre, mais que j'essayais de rendre accessible au plus grand nombre malgré les résistances à la culture dans certains milieux".
Dans ce métier, on est le roi du monde quand on possède son propre théâtre
Bruno Romier
Bruno Romier a fait tous les métiers possibles dans le domaine culturel, poussé par une curiosité insatiable et une certaine ambition. "Après Angers, je suis parti à Angoulême. J'ai dirigé un cinéma, organisé des événements, écrit pour un journal gratuit. Et le jour où j'ai reçu ma carte de presse fut un grand jour, mémorable. Une revanche sur mon enfance". Enfin, Bruno Romier s'installe à Paris. Il devient administrateur dans un groupe qui possède trois théâtres et parallèlement, fait de la mise en scène pour la pièce à succès Love Addict.
Puis Amiens, la nouvelle aventure : une salle en propre, avec une liberté totale dans la programmation. "Dans ce métier, on est le roi du monde quand on possède son propre théâtre". Mais pas question pour Bruno Romier de pratiquer des tarifs prohibitifs. Ils seront compris entre 17 et 35 euros selon la notoriété des artistes, avec des réductions accordées aux bénéficiaires du RSA ou aux étudiants. "J'espère attirer tous les âges et surtout ceux qui ne sont pas habitués à entrer dans une salle de théâtre. La comédie est un biais idéal pour rassembler tout le monde. C'est finalement un tribut à mon enfance, je m'en rends compte. Mais vous savez, à mon âge, 59 ans, on est mieux dans sa peau. On cherche le chemin le plus court vers la sérénité et le bonheur".