La flamme olympique de Paris 2024 traversera une première fois la Picardie, ce jeudi 4 juillet, dans la Somme. Il y a plus de trente ans, elle était déjà de passage en 1991, deux jours, six semaines avant le début des Jeux olympiques d'Albertville. Retour sur ces deux journées avec ceux qui étaient présents.
"Jamais, je n’aurais imaginé la voir d’aussi près une seconde fois." Porteuse de la flamme olympique le 30 décembre 1991, Christelle Hiver, aujourd'hui maire de Doullens, va la côtoyer de très près, 33 ans plus tard. Ce jeudi 4 juillet, elle recevra, dans sa ville, la flamme olympique de Paris 2024 qui déambulera dans la Somme.
Un kilomètre de souvenirs
En 1991, l'élue a 18 ans. Elle est tirée au sort par La Poste, en charge de l'organisation du relais à l'époque, parmi les plus de 3 000 jeunes ayant postulé dans le département. Une très grande surprise, se souvient-elle. "Mon oncle travaillait à la poste. Je pratiquais l’athlétisme. Il me savait vraiment passionnée. Sans me le dire, il m’a porté en tant que candidate pour porter la flamme. C’est une fois que j’ai été sélectionnée qu’il m’a dit : 'tu vas porter la flamme olympique'. Ça était merveilleux d’apprendre cette nouvelle."
Avant de brandir le flambeau, le lundi 30 décembre, Christelle effectue un test d'effort. Contrairement à cette année où les relais font 200 mètres, en 1991, les relayeurs parcourent un kilomètre. "Les jeunes qui avaient été sélectionnés pour courir dans le département de la Somme, avaient été réunis sur un stade à Amiens. Pour tester notre capacité à parcourir un kilomètre sans faire de malaise, sans tomber et à un rythme à peu près correct." Une formalité pour l'athlète.
Elle revit ce moment au travers des photos prises par son grand-père. "Il courait à côté de moi pour prendre la meilleure photo." Sur les images qu'elle défile, elle se revoit avec la flamme. "On portait tous une combinaison intégrale blanche avec des gants argentés qui m’ont causé beaucoup d’angoisse, car ça glissait. Et j’avais une angoisse terrible que la flamme tombe."
Elle décrit ce moment comme "beaucoup de stress, mais aussi beaucoup de plaisirs parce que ce n’était pas donné à tout le monde de porter cette flamme olympique". En revenant sur le kilomètre parcouru, "je me souviens de cette effervescence qu’il y avait et surtout de cette émotion. C’était un honneur, c’était une fierté. J’avais 18 ans à l’époque."
"C’était bien sans plus"
Comme Christelle Hiver, Lionel Herbet, ancien journaliste de sport au Courrier Picard, se remémore le passage de la flamme, le 29 décembre 1991, à Ferrière. Ce jour-là, il est présent en tant que spectateur.
Aidé de ses dizaines de documents accumulés chez lui, il reconstitue une partie de l'itinéraire de la flamme olympique, rentrer dans la Somme, depuis la Normandie. "Elle est arrivée à Aumale, aux portes de la Somme. La flamme va passer par Morvilliers, Aulnoy-Le-Bourg Hallivillers, pour arriver à Ferrières, là où j'ai eu le bonheur de me trouver. Je me souviens vaguement de cette soirée. On a attendu. On a attendu. Et puis, un moment, une voiture ouvreuse nous a dit, la flamme va passer [Ndlr, elle est passée] et puis c'était fini. Il n’y a pas eu de spectacle à côté."
Pour ce passionné, le passage de la flamme en 1991, à l’occasion des jeux d’Albertville, n’a rien à voir avec celui que l’on connaît aujourd’hui pour les JO de Paris. "Il n’y avait pas cet engouement, c’était bien sans plus. Il faisait froid. Il ne faut pas l’oublier, il faisait nuit donc ça atténue un peu."
Cette année, la flamme traverse la France depuis le 8 mai, et son arrivée au Vieux-Port de Marseille. Les 29 et 30 décembre 1991, la flamme a traversé la Somme, portée par une soixantaine de jeunes. 33 ans plus tard, ils seront plus de 150 à se passer la flamme, avant le vrai embrasement le 26 juillet, dans la vasque olympique, à Paris.
Avec Lucie Caillieret / FTV