1978, les enfants se pressent devant la télévision pour regarder Goldorak. 2022, le robot justicier entre à la maison de la culture d'Amiens, avec des planches de dessins monumentales de Denis Bajram, qui a co-réalisé une BD, en hommage à son héros.
Goldorak s'affiche aux 26es rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens dans une exposition à la Maison de la Culture jusqu'au 2 octobre.
"De Goldorak à Goldorak" met à l'honneur le robot justicier de la série animée japonaise, diffusée sur Antenne 2 à partir de 1978 et qui a passionné toute une génération d’enfants. Denis Bajram est de ceux-là. Quarante ans après, l'illustrateur de l'affiche du festival 2022, a co-réalisé avec Xavier Dorison, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo, une BD en hommage à son héros : "Pour moi, Goldorak, c'est l'enfance et c'est aussi ma première BD. À l'âge de 10 ans, je m'enferme dans ma chambre et je fais un petit épisode de 20 pages sur Goldorak. Donc me retrouver à plus de 50 ans, dans une exposition géante autour d'un Goldorak que j'ai fait avec des copains, c'est boucler un cycle assez incroyable".
L'exposition immerge les visiteurs dans l'univers de Goldorak, par une plongée monumentale dans les planches de la BD. L'histoire raconte la suite des 74 épisodes du dessin animé créé par Go Nagai.
L'empire de Véga vient de réduire en cendres la lointaine planète Euphor. Actarus, son prince, assiste impuissant à la mort des siens et s'empare de Goldorak, le plus puissant des robots de combat. Mais un Golgoth menace les Terriens.
"Si l'ennemi est plus fort, il faut arrêter de faire la guerre"
"Les méchants dans Goldorak, c’est vraiment important, explique Denis Bajram. On est sur du kaiju, c’est-à-dire le monstre japonais venu de l’espace. C’est des soucoupes volantes, des ovnis qui s’ouvrent et dedans il y a des méchants robots en métal. On a fait la version 2.0, c’est un transformeur ultime qui peut prendre la forme qu’il veut et franchement, il est plus fort que Goldorak. Si l’ennemi est plus fort, il faut arrêter de faire la guerre. Dans Goldorak, souvent le conflit était résolu avec des coups de poing. Nous, dans notre bande dessinée, on a essayé de montrer qu’il fallait sortir du cycle de violences. Même si on ne s’est pas gêné pour faire des grandes scènes de batailles et de destruction, parce que c’est Goldorak".
"Je considère que l'histoire, on ne la réécrit pas"
Le 11 septembre 2001 a fait vaciller l'auteur, pris de vertige. Il dessinait alors la destruction de New-York et de la Terre : "Ça m'a interrogé sur ce que je manipulais dans mon histoire parce que je fais un récit qui est là pour s’opposer à la folie des hommes et parfois, on se demande si on ne donne pas des idées à des fous pour aller plus loin (...) J’ai mis deux, trois ans à me remettre à la BD. Je n’ai pas dessiné pendant deux ans et je m’y suis remis uniquement parce que j’ai basculé au numérique à ce moment-là. C’était une nouvelle expérience créative. J’ai retrouvé un plaisir artisanal à dessiner et c’est par l’artisanat que l’intellectuel, qui écrit le scénario, a repris le cours de sa vie".
Illustrateur, auteur, éditeur, webmaster, développeur de jeu en ligne et même compositeur, Denis Bajram est un touche-à-tout, comme on peut le découvrir sur son site, bajram.com.
Depuis la conception de la grande saga Universal War, en 1997, il est surtout devenu une référence dans le domaine de la science-fiction : "Ça a changé ma vie la SF. Quand j'étais gamin, la découverte de Dune, ça m'a bouleversé. J’ai trouvé à la fois le côté scientifique, qui m’a toujours passionné et le côté littéraire. Ça rejoignait deux manières de regarder le monde qui me passionnait autant l’une que l’autre" se souvient l'auteur.
Le monde est plus inquiétant avec la SF. Un roman de SF, c’est une loupe grossissante sur notre présent.
Denis Bajram
"En fait, il y a de quoi s’inquiéter quand on regarde à la loupe toutes les bêtises qu’on peut faire, poursuit l'auteur. En même temps c’est un lieu de propositions, un lieu d’utopie et d’espoir. Moi, j’espère bien faire très peur avec mes SF. Comme a pu faire le film de la planète des singes, rappeler aux gens que ce ne serait pas une bonne idée de se lancer des missiles nucléaires sur la figure parce qu’autrement à la fin, on pleurera sur une plage en regardant les décombres de notre monde".
L'album Goldorak a nécessité quatre années de travail intense pour les cinq auteurs. Une BD de 168 pages qui "saura réveiller la nostalgie des personnes ayant grandi avec 'Goldorak le grand'" assure la maison d'édition.
L'exposition "De Goldorak à Goldorak" reste visible jusqu'au 2 octobre 2022.