"Il y a un sentiment d’insécurité à vélo qui reste important" : les propositions d'une association pour une plus grande sécurité des cyclistes

L'association amiénoise Véloxygène a rédigé un rapport dans lequel elle fait des propositions pour améliorer la sécurité des cyclistes. Les filles de Martine Bornoville, décédée à Amiens le 9 janvier dernier dans une collision avec un camion des ordures ménagères, ont participé à la rédaction du plaidoyer.

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À chaque sortie à vélo, Guillaume Bellard trouve une occasion de râler. Aménagements, comportements, équipements, la liste des critiques est longue. Et sur sa chaîne YouTube, le vice-président de l’association amiénoise Véloxygène expose les pires situations, dues soit au comportement des automobilistes, soit aux infrastructures de circulation.

"Sur de nombreux axes, les piétons et les cyclistes sont vus comme des variables d’ajustement, déplore le jeune homme. On va faire beaucoup de voies motorisées et on va laisser une petite largeur de trottoir, on va mettre un logo vélo dessus, voire pas du tout. Et on va dire 'voilà, c’est bon, c’est sécurisé, c’est pour les piétons et les cyclistes'. Sauf que le Code de l’environnement dit que pour toute réfection de chaussée, il faut qu’il y ait des aménagements cyclables. Le reste vient après. Là, par exemple, il y avait une chaussée assez large, plus de trois mètres, et un tout petit trottoir pour les piétons et les cyclistes dans les deux sens. Ils ont fini par mettre une bande cyclable sur la chaussée et par élargir le trottoir, tout ça en réduisant la voie motorisée. Donc quand on cherche de la place, on en trouve."

Prévention, suivi et répression

Ce rappel au Code de l'environnement figure dans le plaidoyer rédigé par l'association et intitulé "Adopter la vision 0". Véloxygène y propose une série de mesures à mettre en place pour améliorer la sécurité des cyclistes et des piétons. Une stratégie axée sur la prévention, par la communication et la formation des agents publics, le suivi de l’accidentologie et l’intensification de la répression des mauvais comportements. L’objectif est d’atteindre zéro mort et zéro blessé grave parmi les cyclistes.

Un objectif que Paul Moitier, le président de Véloxygène pense atteignable : "c’est possible. Quand on voit les villes scandinaves qui ont adopté des politiques similaires, il n’y a presque plus d’accidents mortels de cyclistes et de piétons, compare-t-il. L’important, c’est d’adopter des mesures qui soient en cohérence avec cet objectif pour diminuer progressivement le nombre d’accidents qui touchent les usagers de la route les plus vulnérables que sont les cyclistes et les piétons. Amiens n'est pas une ville dangereuse pour circuler à vélo, les conditions de circulation à vélo s’améliorent d’année en année. En revanche, il y a un sentiment d’insécurité à vélo qui reste important et qui est un frein pour se mettre au vélo en ville. Cette impression est renforcée par des situations de danger au quotidien."

Le camion qui a renversé ma mère n’avait pas ni caméra ni bip de recul alors que c’est un gros véhicule.

Sandrine Carpentier, fille d'une cycliste tuée par un camion poubelle

Le plaidoyer est dédié à Martine Bornoville. Cette cycliste de 60 ans est morte en janvier dernier, renversée par un camion poubelle alors qu'elle se rendait à son travail. Ce sont ses filles qui ont contacté Véloxygène, "pour avoir le soutien d’une association et les aider aussi dans tout ce qui est prévention de la sécurité des cyclistes pour que cela ne se reproduise pas", explique Sandrine Carpentier, l'une des filles de Martine Bornoville, qui sont à l'origine de l'une des propositions : "le camion qui a renversé ma mère n’avait pas ni caméra ni bip de recul alors que c’est un gros véhicule, s'étonne la jeune femme. Donc on a demandé qu’il y ait un peu de façon automatique sur tous ces véhicules des systèmes de sécurité, que ce soit caméra ou bip. Il faut que les cyclistes fassent attention, mais il faut aussi que les véhicules aient ce genre de système de sécurité. On a également parlé de formations des chauffeurs de ce type de véhicule à la sécurité des cyclistes."

Mais pour Alain Gest, président d’Amiens métropole, le Plan vélo de la collectivité lancé en 2023, répond déjà à toutes ces remarques. "La problématique est globale et elle réside surtout pour les cyclistes dans la mise en œuvre de notre plan vélo qui tient ses engagements : nous aurons dépensé 10 millions d’euros entre 2022 et 2026 comme c’était prévu", assène l'élu.

Si la métropole refuse d’opposer voitures et vélos, l’effort de tous permettra un partage serein des voies de circulation et une réduction de nombre de victimes. En 2023, 221 cyclistes ont perdu la vie en France.

Avec Gontran Giraudeau / FTV

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