Philippe Pacque, surnommé l'Epervier d'Amiens, a de nouveau été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir tenté d'étrangler sa psychologue en prison. Cette troisième condamnation fait suite à celles de 1987 et de 2014.
Celui qu'on surnomme "l'Eperviers d'Amiens", un sexagénaire prédateur de femmes, a été condamné une troisième fois, vendredi à Saintes (Charente-Maritime), à la réclusion criminelle à perpétuité, pour avoir tenté d'étrangler la psychologue qui le suivait en prison.
La sanction était "jouée d'avance", a déploré son avocat Maître Erik Sainderichin, en référence aux précédentes condamnations de Philippe Pacque en 1987 et 2014 à la perpétuité pour assassinat et tentatives d'assassinat sur des femmes.
Une lettre manuscrite intitulée "Projet d'assassinat"
Le 25 mai 2021, à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, les surveillants étaient intervenus à temps pour sauver la victime des mains de l'accusé, qui va avoir 66 ans début juillet.
Lors d'une fouille après les faits, les agents pénitentiaires avaient découvert une fourchette limée et une lettre manuscrite intitulée "Projet d'assassinat", détaillant ses desseins criminels.
La cour d'assises de Charente-Martime a suivi les réquisitions de l'avocate générale Soraya Ahras, qui a décrit la psychologue comme une "miraculée" s'étant "débattue comme une lionne parce qu'elle a pensé à ses enfants".
"Ce n'est pas parce qu'elle est vivante qu'elle est totalement indemne", a poursuivi la magistrate, invitant les jurés à ne pas considérer cette "tentative d'assassinat, qui plus est en récidive" comme "un demi-crime".
"Je voudrais qu'elle puisse me pardonner et s'en remettre"
Avant le verdict, l'accusé a exprimé ses regrets envers la psychologue : "j'avais un profond respect pour elle, je voudrais qu'elle puisse me pardonner et s'en remettre. C'est surtout ça qui m'importe."
Pourtant, au cours de sa première prise de parole face à la présidente du tribunal, Anne Haye, Philippe Pacque s'est d'abord montré hostile. "Je ne veux pas me présenter, vous avez votre dossier sous les yeux, je ne participe pas à votre cinéma", a-t-il clamé, se considérant comme "un simple numéro" et voulant attirer l'attention sur sa situation.
"Quoi que je dise, on écoute ce qu'on a envie d'entendre, a-t-il expliqué. Dès que je dis quelque chose, on n'en tient pas compte, donc forcément, on explose". Décrit par les enquêteurs de personnalité, comme "timide, solitaire, peut-être dépressif, anxieux", il n'a pratiquement vécu qu'en milieu carcéral depuis 27 ans.
"Une mini-société dans la société", résume la présidente du tribunal.
"Je ne suis pas en colère"
Quand la psychologue agressée est venue à la barre, encore choquée, elle a déclaré : "j'ai conscience du milieu dans lequel j'exerçais. Le passage à l'acte, c'est une question de survie psychique pour celui qui le commet. Ce n'était pas moi en tant que personne qui était visée. C'est pour ça que je ne suis pas en colère".
Avant elle, des collègues de la supérette d'Amiens où il travaillait avant sa première condamnation l'avaient décrit aux enquêteurs comme "serviable, amical" tandis que d'autres avaient fait part "d'un dialogue pas facile avec un employé renfermé".
Tantôt silencieux, tantôt marmonnant tout seul, l'accusé navigue entre deux registres parallèles de pensée, selon l'experte psychiatre près la cour d'appel de Poitiers, Anne Joly. Il avait à la fois "envie de tuer" et "n'avait pas envie de la tuer" en même temps, a-t-elle tenté d'interpréter en évoquant sa collègue qu'il a essayé d'étrangler.
La psychologue clinicienne dresse un portrait complexe de cet homme qui a "un contact facile, très attentif à l'interlocuteur et une grande réactivité" qui ont rendu les échanges "efficaces".
"C'est quelqu'un que je n'oublierai jamais", a-t-elle même souligné.
Condamné à plusieurs reprises
Philippe Pacque a été surnommé "l'Epervier d'Amiens" car il fondait sur ses proies, lorsqu'il avait poignardé au printemps 1983 trois jeunes femmes dans la ville picarde, sans les tuer. Il avait ensuite assassiné une adolescente prise en auto-stop. Le point commun de ses victimes : elles étaient toutes blondes, comme son ex-petite amie.
Condamné une première fois à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987 pour ces faits, il a de nouveau été condamné à la peine maximale en 2014 pour avoir tenté d'assassiner l'éducatrice en charge de sa réinsertion, en 2012 à Caen, pendant qu'il bénéficiait d'une libération conditionnelle.
Philippe Pacque a également été condamné à un an de prison par le tribunal correctionnel de La Rochelle, le 11 mars 2021, après s'être auto-accusé du meurtre d'Estelle Mouzin, une fillette de 9 ans disparue en 2003 en Seine-et-Marne, ce qui a déclenché une série de vérifications fallacieuses.