Une mécanique collective de torture et de mort devant les assises de la Somme

Brûlures, coups, humiliations: les assises de la Somme se penchent à partir de mardi sur la mécanique infernale ayant mené à la mort de Christophe Rambour, après sa séquestration par des amis entre septembre 2011 et janvier 2012.

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Cinq personnes, nées entre 1983 et 1987, sont poursuivies, dont quatre pour séquestration suivie de mort et actes de torture et de barbarie en réunion à Villers-Faucon et Longueau (Somme). Parmi elles, deux frères et une soeur.

Engrenage

L'engrenage s'enclenche en septembre 2011. Christophe Rambour, 25 ans, décrit comme gentil, serviable et effacé, accepte de travailler pour Na Rin Bun, un ami de longue date. Il vient habiter chez lui et sa compagne Coralie Sauval, à Villers-Faucon, fait les courses, fait le chauffeur. Il perd rapidement sa liberté de mouvement.

Dans ce logement ainsi que dans celui de la soeur aînée Nari Bun et son compagnon Gilles Lefèvre, à Longueau, il est torturé. On l'oblige à manger des excréments, à avaler des cigarettes allumées, on le rase, le frappe, le brûle au torse, l'entaille. Aperçu dans un supermarché, il semble sale, épuisé.


Les motivations des cinq accusés sont restées peu claires et seront l'un des enjeux du procès. Les mis en cause rapportent que Christophe Rambour aurait calomnié la fille de Na Rin Bun, révélé ses infidélités, laissé des chiens s'échapper...

"Il a été torturé pendant des semaines et des semaines sans aucun motif, on ne lui a pas demandé d'argent, ce n'est pas en raison de sa race ou de son orientation sexuelle...", s'indigne Me Guillaume Demarcq, avocat de la famille de la victime.

Découpé en morceaux au couteau de boucher


Quand un matin, Coralie Sauval, qui voyait la victime s'affaiblir de semaine en semaine, retrouve son cadavre dans le couloir, elle le fait porter dans la salle de bains "pour que ses enfants puissent prendre leur petit-déjeuner", raconte Me Demarcq pour souligner "l'absurdité" de l'affaire.


Christophe Rambour "s'est-il laissé mourir parce qu'il n'en pouvait plus?", s'interroge Me Stéphane Daquo, avocat de Gilles Lefèvre. Les protagonistes présents doivent alors se débarrasser du corps. Ils le découpent en cinq, au couteau de boucher, et mettent les morceaux dans le chauffeau. Des os, quelques dents résistent à la combustion et Na Rin Bun les détruit donc au marteau, avant de disperser les cendres.

"Les accusés sont d'accord pour dire que c'est Na Rin Bun qui est à l'origine de tout", relève Me Daquo. "Le débat va porter sur le fonctionnement psychologique de la famille Bun, qui vient du Cambodge et y a peut-être vécu certaines choses sombres".

Khmers rouges


"Les parents de cette famille de 11 enfants ont vécu au Cambodge pendant le génocide des Khmers rouges, et la plupart des oncles et tantes ont été exterminés", explique de son côté Me Paul-Henri Delarue, avocat de Nari Bun. De surcroît, celle-ci vivait une période compliquée, entre un accouchement difficile et le soutien de Gilles Lefèvre, au chômage.

Pour Me Daquo, Na Rin et sa soeur Nari, nés la même année, se considérant comme jumeaux, "ont imprimé le tempo et dirigé les autres sur fond de terreur". Gilles Lefèvre soutient qu'il valait mieux que ce soit lui qui exécute les ordres, parce que les autres auraient sinon tapé, plus violemment.

Me Arnaud Ehora, avocat de Na Rin Bun, n'a pas souhaité faire de commentaires. Le procès doit s'achever le 28 mars. 

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