À Saint-Riquier dans la somme, une famille conserve précieusement les souvenirs de leur quotidien de garde-barrière pour la SNCF. Aujourd’hui en France hexagonale, on en dénombre moins d’une vingtaine selon les cheminots.
Nichée au creux d’un virage à l’écart d’une bâtisse, la maison du garde-barrière est encore visible. Les conducteurs pressés ne se doutent pas que c'est le vestige d’une grande aventure: l’épopée du rail numéro 94.
La maison occupée par des garde-barrières est encore présente alors que les trains ne passent plus depuis 35 ans, mais la famille est restée. Fils de garde-barrière, Joseph Courtecuisse a décidé de faire partager ses souvenirs d’enfance qui lui sont très chers.
"C’était nos racines, une partie de nous-mêmes. Au passage du chauffeur lorsqu’il ralentissait, mon père courait et lui donnait une bouteille de vin et des légumes. À son départ, il nous glissait un gros morceau de charbon. On courait le casser et en récupérer pour faire chauffer la cuisinière. C’était une période magique", s'émeut l'ancien garde-barrière.
Et si cette période de son enfance a été de courte durée, c’est bien parce qu’il a fallu enlever les rails. "À l’époque il y avait un marché important au niveau de l’acier en Chine. Le fer était devenu extrêmement cher et ils ont profité pour la démonter" un crève-cœur pour Joseph Courtecuisse.
Garde-barrière, une profession d’homme ?
Sylvie Douchet est l’épouse de Joseph Courtecuisse. C’est son conjoint qui lui a transmis sa passion. Elle a été garde-barrière pendant quatre ans, une profession qui l’effrayait. "J’avais toujours peur qu’une voiture ne s’arrête pas, parce qu'on baissait les barrières à la dernière minute, on l’entendait siffler de loin, mais c’était stressant."
Nostalgique, la famille Courtecuisse a compilé ses souvenirs dans un livre pour lequel elle recherche un éditeur. Il s’intitule Une vie de garde-barrière à St-Riquier, un regard sur un village.