Le 26 janvier 2020, Mathéo, 19 ans, a été tué par arme blanche dans sa voiture à Amiens parce que sa voiture était immatriculée 75. Au bout de 15 jours de procès, l'un des 7 accusés a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle.
Beaucoup de monde aux assises de la Somme, ce lundi 5 février, pour le rendu du verdict dans l'affaire Mathéo alors que de nombreuses personnes se sont vues refuser l'entrée de la salle. Le principal accusé du meurtre du jeune homme de 19 ans, tué à Amiens le 26 janvier 2020 dans sa voiture, est condamné à 30 ans de prison. Les 5 autres sont, eux, condamnés à des peines comprises entre 2 et 10 ans pour des dégradations et violences à l'égard d'une voisine ce même soir. Le dernier a été acquitté.
Une peine collective non retenue
Les peines sont bien inférieures à celles que réclamait l'avocate générale, mis à part pour l'accusé principal. Elle avait requis entre 18 et 28 ans de prison. Les jurés ont donc, semble-t-il, été sensibles aux plaidoiries de la défense qui réclamaient toutes un jugement individualisé. "Un principe et une base de notre droit, c'est l'individualisation de la peine", expliquait Me Messaouda Yahiaoui
Ce meurtre ne pouvait être le fait que d'une personne, défendaient ainsi l'ensemble des avocats des accusés, puisqu'un seul coup au niveau du dos avait été mortel. "Il y a eu un couteau et le geste fatal est issu d'un coup de couteau", affirmait Me Messaouda Yahiaoui, vendredi dernier.
Pour rappel, le jeune Mathéo avait été attaqué dans le quartier d'Étouvie à Amiens alors qu'il était en compagnie de son frère et d'un ami qui, eux, avaient réussi à s'enfuir. Ses agresseurs cherchaient des parisiens. La plaque d'immatriculation du jeune homme était immatriculée 75. "C'est une véritable horde en chasse contre des Parisiens, et Mathéo est au mauvais endroit au mauvais moment. Il est victime d'un quiproquo mortel", déclarait Me Stéphane Engueleguele, avocat de la famille, 5 jours après les faits.
Une déception pour la famille de la victime
Me Daquo, dont le client a écopé d'une peine de 7 ans de prison ferme pour violence volontaire avec une arme à l'encontre d'une voisine, est satisfait du verdict. "Je pense que cela correspond à ce que dit le dossier et à une réalité. C'est vrai que le parquet, qui a essayé de rendre une responsabilité collective pour une punition collective, n'a pas été entendu. C'est plutôt satisfaisant. Après, les peines sont sévères pour l'ensemble des faits pour lesquels ils ont été condamnés. On va discuter avec nos clients respectifs pour voir si des appels seront faits ou pas."
En revanche, du côté de la famille, très émue tout au long de ses 15 jours de procès, c'est une déception. "Clairement, ce n'était pas la philosophie générale de ce dossier. Il y avait une évidente coaction, la cour en a décidé autrement. Donc on fait avec, la famille est obligée de faire avec ça. La mort de Mathéo ne restera pas impunie, mais on a l'impression quand même d'une décision un petit peu consensuelle, estime l'avocat de la famille, Me Blondet. En tout cas, Mathéo ne s'est pas suicidé, parce que quand on était dans le box, on devait bien entendre que c'était la position de tout le monde : personne n'avait rien fait."
Des accusés qui ne se dénoncent pas lors du procès
En effet, aucun des sept accusés présents lors de ce procès n'a donné le nom de celui qui aurait porté le coup fatal. "Une certaine omerta planait tout le long des débats", comme le soulignait Me Sarah Delval-Zouhad lors de sa plaidoirie. Tous les avocats de la défense ont évoqué la loi du silence qui plane dans le quartier nord d'Amiens, dont 6 des 7 accusés sont originaires.
"On espérait qu'en quatre ans, ils lâcheraient le morceau", soulignait Me Marc Blondet, avocat de la famille de Mathéo, vendredi l'issue de la plaidoirie de la défense. Pourtant, l'avocat de la partie civile a ajouté : "évidemment qu'ils manquent de réponse, on est plus de quatre ans après les faits et on ne sait toujours pas qui a tué Mathéo, enfin, on se doute..."
Le jour du verdict, seuls quatre des accusés ont souhaité s'exprimer. L'un d'entre eux a présenté des excuses à la famille de Mathéo, tout en maintenant le fait qu'il soit innocent. Les parties disposent de 10 jours pour faire appel de la décision.