En situation irrégulière, sept étrangers libérés à cause d'un problème de téléphone

Tous étaient détenus au sein du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lille-Lesquin en attendant leur expulsion. Sans accès direct à une cabine téléphonique, ils ont été libérés.

C’est une bataille juridique, plutôt insolite et à grand renfort de textes de loi, qui a finalement permis à des étrangers en situation irrégulière d'être libérés du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Lille-Lesquin, où ils attendaient leur expulsion. Au cœur de la procédure : des cabines téléphoniques qui dysfonctionnent.

Tout commence dans la journée du samedi 3 février. Sept personnes faisant l'objet d'une mesure d'éloignement du territoire sont présentées au juge des libertés et de la détention de Lille, dans les 48 heures suivant leur interpellation, comme le veut la procédure. Le juge décide de les placer dans le CRA de Lille-Lesquin, en attendant leur expulsion. Mais quelques heures plus tard, ils en ressortent, totalement libres pour 5 d’entre eux et assignés à résidence pour deux autres. Que s’est-il passé ?

Maitre Eric-Emmanuel Kuchcinski est avocat à Roubaix, spécialiste du droit des étrangers. Il a été commis d’office pour quatre de ces personnes en situation irrégulière. Pour défendre leur cas, il s'est servi d'une note éditée par la "commission pour le droit des étrangers" du parquet de Lille, qui depuis quelques mois, faisait remonter le dysfonctionnement de plusieurs cabines téléphoniques au sein du CRA. En clair, "des combinés arrachés, rendant inutilisables les téléphones". Pourtant, la loi permet aux personnes détenues dans un CRA le droit de "librement communiquer avec l'extérieur", notamment avec les "proches et le consulat du pays d'origine" et afin de garantir ce droit "le centre de rétention doit disposer d’un téléphone en libre accès pour 50 étrangers retenus.” Ce n'était plus le cas depuis quelques mois au CRA de Lille-Lesquin. Sur cette base, Maître Eric-Emmanuel Kuchcinski décide de saisir la cour d'appel de Douai sur le placement en détention de ces personnes en situation irrégulière. "La préfecture n’ayant pas apporté de preuve que les cabines téléphoniques aient été réparées dans les temps, les sept détenus ont été libérés" indique l'avocat. 

"C'est un défaut de démonstration de preuve", indique la préfecture, car des téléphones mobiles avaient été mis à disposition des détenus pour pallier le manque de cabines téléphoniques assurent ses services. Depuis, "les cabines sont toutes réparées et fonctionnelles". Quant aux sept sans-papiers, ils sont passés tout proche d'une expulsion. 

Dès ce week-end, la nouvelle est reprise par plusieurs médias notamment Le Figaro. Sur X, anciennement Twitter, beaucoup d'internautes s'insurgent face à cette libération, notamment auprès de comptes d'extrême droite. 

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