Mobilisation à Amiens pour une famille albanaise à la rue et menacée d'expulsion : "c'est un stress permanent pour les parents et pour les enfants"

Un couple originaire d'Albanie et leurs trois enfants de 3, 7 et 10 ans sont actuellement menacés d'expulsion et n'ont plus d'endroit où dormir. Ils sont en France depuis une dizaine d'années et leurs enfants sont scolarisés à Amiens.

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Le Réseau éducation sans frontières (RESF) de la Somme veut faire connaître l'histoire de la famille Spahiu, et espère ainsi créer un élan de solidarité citoyenne. Devant l'école Saint-Roch à Amiens ce vendredi 3 juin, les militants ont donné de la voix et distribué des tracts pour expliquer aux parents d'élèves la situation. "Nous souhaitons les interpeller, et avoir plus de solidarité, et pourquoi pas de l'aide matérielle et concrète", explique Sybille Luperce, l'une des organisatrices du rassemblement. 

Déboutés de la demande d'asile

Le couple Spahiu a fui l'Albanie il y a dix ans, avec leur fille aînée qui était alors un bébé, pour construire une nouvelle vie en France. Ils y ont fait deux autres enfants, et toute la fratrie est scolarisée à l'école Saint-Roch. Ils sont pourtant menacés d'expulsion, leur demande d'asile ayant été déboutée à trois reprises. La préfecture justifie cette décision, confirmée par le tribunal administratif, par "l'absence de motif exceptionnel ou de considération humanitaire justifiant la demande". Ils sont donc sommés de quitter le territoire français.

Bras de fer avec la préfecture

Ayant récemment perdu leur solution d'hébergement, ils se retrouvent actuellement sans domicile fixe. Leur seule solution est d'appeler chaque soir le 115, qui refuse de les prendre en charge, sur demande de la préfecture. "La préfète s'oppose à une prise en charge par le 115 qui est pourtant un hébergement d'urgence inconditionnel, mais non, ils sont privés de ce droit, déplore Sybille Luperce. La famille appelle tous les soirs, ils restent à la gare avec les enfants, et sont dans l'inquiétude permanente de devoir trouver des solutions. Parfois ils n'en trouvent pas. C'est un stress permanent pour les parents, et pour les enfants ce n'est pas possible de poursuivre leur scolarité dans cette situation."

La seule solution d'hébergement proposée par les services de l'État est au Centre de préparation au retour (CPAR) de Péronne, un camping qui sert de sas pour les demandeurs d'asile déboutés en attendant leur expulsion. "L’objectif n’est pas de mettre les gens à la rue mais de favoriser leur retour (vers l'Albanie, ndlr) dans les meilleures conditions possibles”, précise la préfecture. Une réponse inadmissible pour RESF. "Ils refusent de se rendre à Péronne parce qu'ils refusent de retourner en Albanie, qui est un pays qu'ils ont fui il y a dix ans. Leur vie est aujourd'hui en France", souligne Sybille Luperce. 

Une famille "respectueuse" et "bien intégrée"

"C'est aberrant qu'on les force à dormir dehors pour les obliger à partir à 50 kilomètres d'ici, en instance d'être expulsés vers l'Albanie, alors que c'est une famille parfaitement intégrée, se désole Mehdi, venu manifester devant l'école. On a un exécutif, une préfecture, qui décide de mettre des enfants dehors. Il n'y a pas besoin de connaître la famille pour trouver ça anormal, en tant que citoyen, il faut s'y opposer."

On laisse des enfants de moins de 10 ans dormir dans la rue alors que des hébergements sont possibles, c'est scandaleux.

Mehdi, manifestant

Venu également apporter son soutien à la famille, Kevin, éducateur, s'inquiète des conséquences sur les enfants. "L'angoisse de ne pas savoir où on va dormir le soir, de ne pas savoir ce qu'on va manger, les enfants la perçoivent. Ça va forcément rejaillir sur leur scolarité et sur leur vie future d'adultes, estime-t-il. On leur demande des preuves d'intégration, mais quelle plus belle preuve que d'être intégrés dans l'école de la République ?"

Le conseiller départemental d'opposition Frédric Fauvet a également apporté son soutien à la cause. "Les autorités doivent autoriser un hébergement d'urgence", déclare-t-il dans un tweet.

Les parents d'élèves venus déposer leurs enfants à l'école étaient également sensibles à la discussion qui s'est créée. "Je connais l'un des enfants, qui est actuellement dans la classe de mon fils et qui très copain avec lui, explique Hafida, maman de deux petits garçons. Il travaille bien, tout se passe bien, c'est un enfant respectueux, une famille respectueuse. Ils essayent de s'en sortir, il faut les aider, on ne peut pas les laisser repartir."

La famille, présente aussi ce matin, n'a pas souhaité s'exprimer dans les médias.

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