Après plusieurs mois sans concert, l'Orchestre de Picardie s'est à nouveau produit en public à la Maison de la culture d'Amiens. Un concert qui s'est déroulé selon les règles sanitaires. Dans le public, du personnel soignant invité pour le remercier de son engagement durant cette crise sanitaire.
Après 3 mois d'arrêt, l'Orchestre de Picardie retrouve le plateau de la Maison de la Culture d'Amiens. Mais, règles sanitaires obligent, tout l'orchestre ne joue pas. Et les musiciens présents sont dispersés dans la salle : sur scène, les cordes, sur un balcon, un ensemble d'instruments à vent composé de deux flûtes, d'un hautbois et d'une clarinette et plus loin dans la salle, une trompette. "Vous ne la voyez pas ? Moi, non plus !", s'amuse le chef Arie von Beek en s'adressant au public.
Un orchestre dispersé dans la salle
"C'est un peu spécial parce que les distances entre les musiciens ne sont plus les mêmes : il y a environ deux mètres entre eux. Donc ce n'est pas évident de retrouver l'écoute des collègues. Ce sont de nouvelles conditions de travail et il faut s'y habituer. Si on fait une symphonie de Beethoven, par exemple, normalement, entre moi et le basson, c'est peut-être 10 mètres, explique-t-il. Avec cette disposition, maintenant, c'est 15 mètres. C'est très difficile. Je préfère commencer un peu comme ça. Au fur et à mesure, on va faire des pièces tout orchestre. Mais il faudra toujours un peu que l'oreille cherche l'écoute."
Arie von Beek a dû adapter son programme à cette nouvelle façon de travailler. Il a ainsi proposé il y a plusieurs semaines un programme composé de pièces soit pour instruments à vent, soit uniquement pour cordes. Pour cette reprise en public, les musiciens ont joué la Sinfonietta en fa majeur op.188 de Joachim Raff, The unanswered question de Charles Ives et la Sérénade nocturne n°6 de Mozart.
Dans le planning de l'orchestre, ce concert était programmé et faisait partie d'une cession d'enregistrements sans public :
Mais une annonce, faite avant le concert, a surpris les musiciens. "On a eu la bonne nouvelle d'avoir du public, explique Romy Bischoff, clarinettiste solo. Je pense que ça va être un moment très particulier : entrer sur scène et voir des gens dans la salle, ça va nous faire chaud au coeur".
Ce que confirme Olivier Talpaert, contrebassiste solo : "Tous les musiciens sont unanimes. On a tous eu envie de venir et de se dire on s'est revus on a refait un concert tous ensemble dans des conditions particulières mais on l'a fait et ça va nous faire beaucoup de bien. Et j'espère que ça va faire beaucoup de bien au public"
Des soignants invités
Et cela d'autant plus que parmi les spectateurs, volontairement limités à 300, des personnels soignants invités en remerciement à leur engagement pendant la crise. "C'était très gentil, très sympathique, confie une interne en médecine avec un masque sur le visage. Je ne suis pas une habituée des concerts classiques. J'y vais une fois tous les deux ou trois ans on va dire. C'était l'occasion de redécouvrir ça et comme on n'est pas sortis beaucoup ces derniers temps, ça fait plaisir. Ça donne envie de revenir plus souvent. Ne pas aller aux concerts, ça a été un manque pendant le confinement."
Les habitués des concerts de l'Orchestre de Picardie ont apprécié, quant à eux, la nouvelle organisation musicale : "Le son est totalement différent de d'habitude, se réjouit ce mélomane averti. Tous les instruments sont bien différenciés. On les entendait tous un par un."
L'Orchestre de Picardie espère bien que ce premier concert du déconfinement marquera la reprise normale de son activité. Mais aujourd'hui, rien n'est assuré. Et Arie von Beek de conclure : "faire de la musique tout seul à la maison, c'est très bien. Mais ensemble, c'est mieux. Le contact humain, c'est une grande chose. Faire de la musique ensemble, c'est une beauté. Ça donne du plaisir et du bonheur".