Suite aux faits de mutilation de chevaux signalés un peu partout en France, les gendarmes de la Somme proposent de se déplacer gratuitement dans les centres équestres, pensions et chez les propriétaires afin d’établir un diagnostic de sûreté et de prodiguer quelques conseils.
Depuis le mois d’août, des faits de mutilation principalement de chevaux ont été signalés un peu partout en France, faisant naître un climat d’inquiétude chez les propriétaires. 200 enquêtes ont été ouvertes. En Picardie, on dénombre une dizaine de cas de chevaux tués ou mutilés.
La Somme compte 682 propriétaires de chevaux. Les gendarmes sont sur le qui-vive. Ils ont pris l’initiative de former 24 correspondants sûreté pour faire de la prévention. Ils se rendent gratuitement à la demande, dans les centres équestres et les pensions mais aussi chez les propriétaires afin d’établir un diagnostic de sécurité.
"Ce n’est que du conseil et c’est gratuit ", précise l’adjudant Alain Dherse. "Les mutilations ont commencé cet été, c’est incompréhensible. Il y en a eu à Gamaches, à Rue, à Doullens."
Tour du propriétaire
Les correspondants sûreté font de la sensibilisation et se déplacent sur les sites avec la brigade locale de contact. Le 14 octobre dernier, Alain Dherse se rend dans un centre équestre aux environs d’Amiens.Stressé, le propriétaire préfère rester anonyme pour ne pas attirer l’attention : "J’ai l’impression qu’il y a eu plus d’actes au moment où on parlait des attaques. Comme si les agresseurs voulaient tirer une gloire. Je me dis qu’il faut calmer le jeu. Au niveau de l’équestre, on est déjà en difficulté et dans une période oppressante, pas besoin de rajouter d’autres angoisses."
L'adjudant Alain Dherse commence sa visite en compagnie du maître des lieux qui s’est déjà organisé. "Les grilles sont closes. On a des déclencheurs lumières partout. Les box sont dans des cours fermées. On a aussi la chance d’avoir d’autres activités avec un gîte de groupe. Il y a donc un gardien qui habite à l’entrée des box. Dès qu’il y a du bruit, les chevaux s’agitent."
Conseils de bon sens
Le militaire passe tout au crible. Il visualise les accès, vérifie les ouvrants, l’éclairage, le système vidéo s’il y en a. Ce qu’il voit aujourd’hui le rassure. "C’est bien sécurisé. Le grand plus, c’est qu’il y a une présence physique puisqu’ils sont deux ou trois à vivre au-dessus. Le grand hic, ce sont les chevaux qui sont dans les pâtures. C’est difficile de sécuriser l’extérieur. Le mieux, c’est la patrouille humaine. Il faut organiser des rondes, y compris la nuit". L'adjudant rappelle toutefois qu’il ne faut pas se mettre en difficulté et aller au-devant des agresseurs mais faire le 17.Les propriétaires doivent également essayer de rentrer les animaux pour la nuit, de ne pas séparer les poulains de leurs mères, puisqu’elles les protègent et de cacher les outils dont peuvent se servir les malfrats.
Autant de conseils dont le propriétaire va se servir après ce tour des lieux. "On a orienté des petites choses comme de ne plus laisser accrocher les licols aux portes des box. Ils m’ont aussi fait part d’endroits stratégiques pour poser des caméras de surveillance si on se sent en insécurité. Mais finalement, on a la chance d’avoir des pâtures à l’abri des regards et derrière des propriétés privées."
Car si les pâtures sont plus exposées au danger, les voisins ouvrent l’œil. La sécurité des chevaux est ici l’affaire de tous.