Depuis septembre, Jérémy Stravius s’entraîne à Nice. Le nageur, bientôt à la retraite, ne pouvait espèrer mieux pour terminer sa carrière. Oui, mais à condition d'un retour prochain en Picardie, auprès de ses proches. Reportage en pleine préparation des championnats de France. 

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« Il s’est très bien adapté à la météo, il se sent comme chez lui ! »  Parole d'entraîneur. C’est vrai que la température de l’eau niçoise, Jérémy Stravius s’y est fait. Pour le nageur de 30 ans, la retraite sportive approche, mais les objectifs sont encore nombreux. En ce moment, il prépare les championnats de France. Une étape pour les mondiaux de cet été, en Corée du Sud. Après ? Les JO de 2020, pour terminer. 

 

Des défis de taille, que le picard prépare donc à Nice, loin de sa Picardie natale. C’est là-bas que le champion olympique s’est installé en septembre.
 

Une nouvelle vie, de nouveaux repères. A commencer par ses cours de Taekwondo
 

Vous tapez un peu des pieds ! Sautez, sautez, sautez ! 


Pour Jérémy Stravius, ce genre de consignes, c'est tout nouveau. "On a pas l’habitude de faire un sport terrestre donc ça nous met dans une situation d’inconfort, mais c’est très plaisant. Et puis il y a quand même des points communs avec la natation, le mental travaille beaucoup", confie le champion. Une fois par semaine, le nageur troque le maillot de bain pour le short d'entraînement. L'exercice, voulu par son entraîneur, Fabrice Pellerin, doit permettre d'améliorer la souplesse et le mental. "Eux, ça se joue parfois à rien. A une main, à des centièmes de secondes. Mais ces centièmes de secondes, il faut aller les chercher loin. Et loin, c’est dans la tête", confirme l'ancien champion du monde de la discipline Mickaël Meloul. Une séance en face-à-face avec ses coéquipiers pour améliorer la cohésion aussi. "L’esprit de départ, c’est l’esprit de dualité, de développer l’esprit de combattivité. Je rigole en leur disant « [dans l'eau], vous êtes dans le liquide amniotique », s'amuse l'entraîneur. Ils sont avec eux-mêmes dans le silence, là de les mettre en opposition, leur faire travailler l’esprit martia." Et le champion d'abonder : "Ca permet d’apprendre à connaître un peu plus les autres, intérieurement. On reconnaît le caractère du nageur, ce sont des aspects qu’on ne voit pas forcément au quotidien."
 

Un entraînement niçois intensif 


Le nombre d'heures passées dans le bassin, lui, n'a pas changé : deux passages par jour minimum. Et pourtant, là aussi, le champion doit s'adapter à la sauce niçoise. La différence : moins de kilomètres, plus intense. 
"24''28 Jérémy !" Au chrono, le nouvel entraîneur du champion picard. Au programme, ce jour-là, sept fois 50 mètres à 90%. "Fabrice a ce don pour se renouveler de jour en jour, on ne s’ennuie jamais, confie le nageur. C’est toujours la surprise quand on arrive le matin à l’entraînement, essayer de savoir ce qu’on va faire dans la séance (...) Il y a toujours cette appréhension et la volonté de faire mieux." Des journées stimulantes, pour un champion déjà très aguerri. "Forcément, on a évoqué des aspects techniques, mais ce sont petits détails, des petits serrages de boulons d’une Formule 1 déjà existante", détaille Fabrice Pellerin. 

 

Il fallait que je parte si je voulais continuer


Des exigences, un plongeon dans l'inconnu, un pari pour conclure sa carrière. "C’est une belle surprise d’être arrivé ici, c’était quasiment tout ce que je recherchais." Ce déménagement pourtant, c'est un chamboulement dans la vie du trentenaire. Car Jérémy Stravius a du faire des sacrifices. "Moi ici, à part les amis nageurs, je ne connais personne", confie-t-il. "C’est quelqu’un de super, ça fait beaucoup de bien qu’il soit arrivé dans le groupe. C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience. Il apporte beaucoup de joie, beaucoup de zen aussi", confie la championne Charlotte Bonnet. Une amitié dans le bassin précieuse, et réciproque, en attendant le retour. Ses proches, sa maison, ses chiens, Jérémy a tout laissé en Picardie. "J’ai quand même l’impression d’avoir mis une vie entre parenthèses. Je ne construis rien pour mon avenir ici, à part le côté sportif (...) C’est dur... il y a des choses que je trouve faciles, des choses beaucoup moins faciles.", continue-t-il. Un passage ephémère donc avant d'entamer une autre étape, sa vie active. "Aujourd’hui, je suis sur un projet d’un karting à Amiens, j’ai vraiment envie de me sentir à 100% dedans", détaille-t-il. Mais il faudra être encore un peu patient... jusqu'aux Jeux olympiques de 2020, et au terme d'une carrière exceptionnelle. 

 


 
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