"On n'est pas des numéros" : le collectif des éducateurs de rue de l’APAP d'Amiens en grève

Depuis le 6 novembre 2023, le collectif des éducateurs de rue de l’APAP de la Somme mène la grève. Ils contestent des décisions de mobilités imposées par la direction, jugées incohérentes. Pour eux, il s’agit d’un retour en arrière qui pourrait casser le lien de confiance construit avec les jeunes.

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"On n’est pas des numéros. On ne peut pas me changer par une autre personne", revendique Jules de Clerck, éducateur spécialisé basé à Amiens Nord. Il manifeste depuis le 6 novembre 2023 avec les autres éducateurs de la ville contre les décisions de mobilités prises par la direction, "sans concertation", indique-t-il.

Des propos que contredit Patrice Eloy, président de l’association APAP de la Somme. "Ça fait des années qu’on est en discussion avec les éducateurs de prévention. Il y a un chef de service depuis deux ans qui travaille avec les équipes. Il y a des choses qui ont été dites, mais qui ne sont pas suivies des faits". D'où l'obligation selon ce dernier de "passer par voie d'autorité".

Une mesure pour "mutualiser les différentes compétences"

Repartir de zéro. C’est la crainte de ces éducateurs chargés d’accompagner les jeunes de quartiers prioritaires. La moitié des équipes va être réorganisée. Ces travailleurs sociaux seront affectés à un autre secteur. "Sur les quatre équipes constituées, il y a deux personnes qui restent et deux personnes qui partent", annonce le président de l’association APAP de la Somme. Des mesures de réorganisation et un brassage des équipes qu'il juge "nécessaires" afin que "le service fonctionne mieux", ajoute-t-il. 

Pour Patrice Eloy,"ça va apporter quelque chose au service et à la qualité de l’accompagnement des jeunes. Les mobilités, c’est régulier. Mais aujourd’hui, on a des équipes qui sont un peu refermées sur elles-mêmes et on n’a pas suffisamment de brassage et de fluidité à l’intérieur de ce service et de mutualisation entre les différentes compétences."

"Le lien que j’avais avec le jeune n’est pas transmissible par un dossier"

Jules de Clerck - éducateur spécialisé basé à Amiens Nord

Un argument contesté par les éducateurs. Jules estime que cette réorganisation va "impacter le sens éducatif qu’on donne de la prévention spécialisée en général et de la protection de l’enfance." Ils craignent que la relation de confiance, établie après plusieurs années, soit rompue. "Le lien que j’avais avec le jeune n’est pas transmissible par un dossier. Les parents et les jeunes quand ils parlent avec nous, ils parlent vraiment de ce qu’il y a de plus intime à l’intérieur du foyer."

Julie Carette, autre éducatrice spécialisée présente à la manifestation ce vendredi 10 novembre, a le même sentiment. "On détruit tout notre travail. Je ne me sens pas respectée dans mon travail et mes fonctions."

"Un jeune n’appartient pas à un éducateur et un éducateur ne doit pas être collé à un jeune"

Patrice Eloy - président de l’association APAP de la Somme

Pour la direction, le lien de proximité entre les éducateurs et les jeunes est "toute la difficulté du travail de prévention. C’est un travail d’approche des jeunes pour les mener en confiance vers le droit commun." Mais il tient à préciser : "un jeune n’appartient pas à un éducateur et un éducateur ne doit pas être collé à un jeune. Les nouveaux arrivants vont apporter quelque chose, un nouveau regard. Et en même temps, ils vont échanger avec ceux qui sont en place et qui connaissent déjà le territoire."

Cette volonté de la direction de changer les équipes se fait dans un contexte social tendu, mais Patrice Eloy assure que la continuité du dialogue avec ceux qui travaillent dans les quartiers prioritaires. "Dès qu’on aura ce service reconstitué, le dialogue va continuer parce que les éducateurs ne sont pas en free-lance. Ils ne sont pas envoyés sur le terrain en électrons libres."

La direction dit ne pas fermer la porte aux discussions au cas par cas. Les mutations devraient être mises en place dès la semaine du 13 novembre.

Avec Rémi Paquelet et Narjis El Asraoui / FTV

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