Ce vendredi 10 novembre, l’humanitaire Guy de la Motte Saint-Pierre, figure amiénoise emblématique pour le droit des exilés, a organisé une vente de ses biens, chez lui. Les ouvrages vendus doivent aider le Réseau éducation sans frontières (RESF) de la Somme à payer les nuits d'hôtel pour héberger les familles avec des enfants, sans solution de logements.
"Ce n'est que du matériel, je préfère l'humain", évoque Guy de la Motte Saint-Pierre, l'humanitaire emblématique d'Amiens, en parlant de sa collection d'ouvrages qu’il vend afin d'aider les actions du réseau d'éducation sans frontières (RESF), ce vendredi 10 novembre. À travers ce don, il compte aider à loger les familles exilées avec enfants, sans solution.
Depuis cet été, à Amiens, les familles déboutées du droit d'asile sont exclues des hébergements d'urgence. La décision touche une quarantaine de familles et une centaine d'enfants scolarisés dans les écoles, selon un décompte du réseau éducation sans frontières (RESF) de la Somme.
Face à cette situation, le collectif multiplie les solutions pour pouvoir leur trouver des logements provisoires. Ainsi, parmi elles, "13 mamans et entre 30 et 40 enfants" dorment à l'auberge de jeunesse, indique Martine Tekaya, secrétaire de l'association Les amis de RESF 80, qui va recevoir le don de Guy de la Motte Saint-Pierre.
Depuis juin jusqu'à mi-octobre, "une grande partie des fonds ont été utilisés"
Depuis juin jusqu'à mi-octobre, "une grande partie des fonds ont été utilisés" au profit des familles à la rue. Le reste sert notamment "à payer des traductions pour des actes de naissance dont les gens ont besoin pour obtenir des titres de séjour à la préfecture, à payer des billets de train pour que les familles puissent se rendre auprès de leurs ambassades pour obtenir un passeport".
Chaque année,"Il y a deux syndicats qui versent régulièrement tous environ 1 600 € à l’association", explique Martine Tekaya. Mais il y a deux ans, une initiative de Guy de la Motte Saint-Pierre a changé les perspectives. Depuis 2021, l'ancien président de l'association, organisatrice du rendez-vous de la bande dessinée, a mis en place une exposition-vente de gravures. L'an dernier, cette action a permis de reverser 10 000 € de dons."Ça nous permet de pouvoir aider plus et d'être moins regardant dans ce qu'on peut faire", précise la secrétaire des Amis de RESF 80.
De juin à mi-octobre, 16 000 € ont été utilisés pour payer l'auberge de jeunesse qui accueille les familles. Un coût important, dans un contexte "compliqué". C'est pourquoi, ce vendredi 10 novembre, Guy de la Motte Saint-Pierre a de nouveau organisé une vente, sous forme de vide maison."C'était un truc qui me tenait vraiment à cœur parce que je suis dans l'humanitaire depuis 1970."
Une vente de ses biens "pour la bonne cause"
Quand on lui demande si ce n'est pas trop difficile de se séparer d'œuvres qu'il apprécie, il répond catégoriquement : "Non parce que c'est pour la bonne cause". Il dit avoir découvert "le monde des réfugiés" à la retraite. Il explique à un des visiteurs de la vente la situation actuelle : "On a besoin d’argent en permanence, surtout avec l'hiver. On a des enfants à la rue, même scolarisés, ils sont à la rue."
Un combat pour leur droit qu'il a engagé sous de multiples formes : "grèves de la faim, marche de 43 jours devant la préfecture". L'initiative touche les personnes venues le rencontrer ce vendredi 10 novembre. "Ce qu'il fait, c'est humain, il n'y a que du mérite pour cet homme", exprime une personne repartie avec plusieurs cadres de bande dessinée.
L'un des migrants qui bénéficie de l'aide de RESF admire l'action de Guy de la Motte Saint-Pierre. "Je trouve qu'il fait une belle chose. Il n'y en a pas beaucoup qui le font. J'étais bénévole avec lui lors du festival de la BD. Ça me touche beaucoup. Car il n'est pas obligé. Et il le fait avec un grand cœur."
Alors que les associations dénoncent depuis plusieurs semaines une situation d'urgence pour toutes les familles à la rue. Interrogé à ce sujet par nos confrères de France Bleu, le 10 octobre dernier, le préfet de la Somme, Rollon Mouchel-Blaisot a indiqué "accroître nos efforts avec près de 500 places d'hébergement temporaire [...] et développer d'autres places avec les collectivités pour la période hivernale." Des hébergements qui ne sont toujours pas ouverts à l'heure actuelle.
Avec Émilie Boulenger / FTV