Alors que les boîtes de nuit ont l'autorisation de rouvrir leurs portes vendredi 9 juillet, une grande majorité d'entre elles resteront fermées. C'est le cas de l'Annexe à Amiens où le gérant estime que la mise en place du pass sanitaire est trop contraignante et discriminatoire.
C'est une réouverture que les gérants de discothèques attendent depuis un an et demi. Depuis le début de la crise sanitaire en mars de 2020, les boîtes de nuit étaient les seuls établissements non autorisés à rouvrir jusqu'à ce vendredi 9 juillet 2021. Un immense soulagement pour certains qui vont pouvoir reprendre leur activité tout en étant soumis néanmoins à des contraintes sanitaires : la mise en place d'une jauge limitée à 75%, sauf pour les établissements en extérieur, et d'un pass sanitaire permettant de vérifier le statut vaccinal ou le résultat d'un test Covid négatif du client qui souhaite entrer dans l'établissement.
Ceci étant, pour certains gérants, ces mesures sont beaucoup trop contraignantes. "75% des exploitants ne rouvriront pas avant septembre. Ce n'est pas une question de volonté, ce protocole est inapplicable chez nous", expliquait il y a quelques jours Ivan Poupardin, président de l'Association française des exploitants de discothèques et dancings (Afedd) dans le JDD.
Une réouverture qui ne serait pas rentable
Une position que partage Cyril Lopez, patron de l'Annexe à Amiens. "Je pense vraiment que la majorité de mes clients ne seront pas vaccinés, donc pour moi cela ne vaut pas le coup d'ouvrir", indique-t-il. Cet été, il a donc décidé de rester fermé. "De toute façon, juillet et août c'est une période creuse pour nous à Amiens, il n'y aurait pas eu beaucoup de clients. En revanche, je pense aux discothèques dans les stations balnéaires qui ont besoin d'ouvrir. Je leur souhaite bon courage !"
Selon Cyril Lopez, l'instauration du pass sanitaire est bien plus contraignante qu'il n'y paraît. "À la porte, on doit gérer les incivilités, les personnes qui sont alcoolisées, si en plus on doit leur expliquer qu'il faut scanner un QR code et vérifier à chaque fois le pass sanitaire. Ouvrir dans des conditions stressantes, cela ne m'intéresse pas. En plus cela créé des discriminations et des inégalités alors que dans d'autres rassemblements ou activités professionnelles comme les bars ou les restaurants d'ambiance, on ne leur impose pas."
Au-delà de ça, le gérant de l'Annexe estime que la situation sanitaire actuelle ne permet pas une reprise de l'activité. "Ce variant Delta m'inquiète beaucoup. Si on ouvre, on doit porter une grosse responsabilité. Je n'ai pas envie de créer de clusters, il y en a assez dans la Somme", estime-t-il.
"J'avais de la trésorerie, c'est ce qui m'a permis de tenir"
Le patron de discothèque gère également le bar Le Living dans le quartier Saint-Leu d'Amiens. "Heureusement que j'ai une autre activité à côté qui me permet moralement et financièrement de pouvoir tenir", confie-t-il. De mars à octobre 2020, il percevait l'aide de l'État de 1500 euros, mais devait toujours régler ses charges fixes. "J'avais de la trésorerie, c'est ce qui m'a permis de tenir. Ce n'est pas le cas de tout le monde, des boîtes de nuit ont été obligées de déposer le bilan. Jusqu'au 31 août, on a le fonds de solidarité encore et le chômage partiel. Mais c'est vrai que cela aurait été bien de rouvrir tout de suite." Les quatre salariés de la discothèque sont, quant à eux, toujours au chômage partiel mais bénéficient d'une autre activité en parallèle. "Ce ne sont pas des temps complets qui sont chez moi, donc la majorité a un travail heureusement."
Pour pouvoir ouvrir de nouveau son établissement, Cyril Lopez espère que la situation sanitaire ne va pas se dégrader après l'été. "J'espère surtout que les gens vont aller se faire vacciner. Parce que pour sortir de cette crise, il faut passer par le vaccin évidemment. Il faudrait d'ailleurs, comme pour les soignants, qu'ils soient imposés aussi pour les salariés de boîtes de nuit." Au 8 juillet 2021, 37,6% des habitants de la Somme étaient entièrement vaccinés (avec deux doses) et 53,5% avec au moins une dose.