Après une expérience spirituelle qu'il qualifie de "miracle", Georges Delorme change son mode de vie en 2013 et crée son entreprise d'élagage à Amiens, dans la Somme. Aujourd'hui, ce père de famille de 35 ans entame une formation pour devenir pasteur évangélique.
Georges Delorme connaît la date exacte de son "expérience avec Jésus". C'était le 21 mai 2013 à 21h30. Invité par des amis à venir écouter une prière évangélique sous un chapiteau à Tulle, en Corrèze, le jeune homme, alors âgé de 25 ans, lance un défi à Dieu. "Je lui ai dit 'si tu me bénis, je m'engage avec toi'", se souvient-il. Ce qu'il assure avoir ressenti alors, s'apparente selon lui à "un miracle" qui l'a "transformé".
"Lorsque je me suis abaissé en signe d'humilité à la fin de la prière, une lumière s'est posée sur moi et m'a ébloui. Mes mains étaient croisées devant moi et d'un coup, je les ai senties douces comme de la soie de rose. L'amour m'a rempli et le mal est sorti de moi. Je le voyais. J'ai ressenti la paix et la joie, j'étais alors convaincu que Jésus était vivant. Et pas longtemps après, j'ai eu le désir de prêcher l'évangile", raconte-t-il à quelques jours du début de sa formation de pasteur.
Changement de vie en 2013
L'homme, âgé de 35 ans aujourd'hui, n'a pourtant pas été élevé dans la foi. Né à Saumur, dans le Maine-et-Loire, Georges Delorme grandit dans un milieu défavorisé avec des parents catholiques non pratiquants et neuf frères et sœurs. "On mettait un cierge une fois tous les 36 [du mois]", lance-t-il.
Jusqu'à son expérience spirituelle du 21 mai 2013, Georges Delorme, marié et père de trois enfants, vit de petits boulots à Amiens, dans la Somme, et profite de sa jeunesse. Ce qu'il appelle sa "rencontre avec Jésus" change tout. Alors qu'il n'a jamais lu la Bible auparavant, il commence à fréquenter l'église évangélique Vie et Lumière d'Abbeville. Vie et Lumière est la mission évangélique des Tziganes de France, mais est ouverte à tous.
Le jeune homme cesse alors tout ce qu'il considère comme un péché. "Mes parents m'ont pris pour un fou au début, mais maintenant, ils sont fiers de moi", se réjouit-il. Selon lui, "chacun a des dons différents et le Seigneur met un désir dans le cœur des gens. Le mien est d'apporter l'évangile, mais le chemin est long, ça m'a pris neuf ans".
"Quand vous faites confiance au Seigneur, il vous ouvre des portes"
Cette même année 2013, il monte sa micro-entreprise et commence par la tonte et la taille de haies avant de se mettre à l'élagage. "Ce qui rapporte le plus est l'abattage d'arbre, mais je me dois d'être honnête dans mon métier. Pour que j'abatte un arbre, il faut vraiment qu'il soit malade ou dangereux", insiste-t-il. Afin de trouver des clients, il va toquer aux portes et compte sur le bouche-à-oreille.
Aujourd'hui, l'entreprise de Georges Delorme a bien grandi. Il emploie trois personnes. "Quand vous faites confiance au Seigneur et que vous lui consacrez votre vie, Il vous ouvre des portes. Avec ma vision de la nature, je me suis fait une pub sur Amiens. Aujourd'hui, je travaille pour des gens de la mairie, des médecins de l'hôpital et des agents du commissariat", énumère-t-il fièrement.
En 2020, alors qu'il officie déjà comme diacre dans son église d'Abbeville, Georges Delorme prend l'engagement de devenir pasteur, avec le soutien de sa femme convertie à l'évangélisme deux ans plus tôt. "Plusieurs personnes sont venues me dire que c'était ma mission, même des gens que je ne connaissais pas, comme ce pasteur missionnaire qui m'a appelé un jour de 2018 pour me confirmer mon appel au ministère", explique-t-il.
"Mon rôle de pasteur sera de semer la parole de Dieu dans le cœur des gens"
Le 27 février 2023, George Delorme commencera une formation de pasteur à l'école biblique de la mission évangélique tzigane Vie et Lumière à Nevoy, dans le Loiret. Une école réservée aux hommes qui a formé plus de 2 000 pasteurs depuis son ouverture en 1967 selon le média Réforme. Pendant deux mois, lui et 250 hommes vont étudier la Bible matin et soir. "Je me sens zen et j'ai hâte. Alors que je devrais être en panique par rapport à ce que ça va engendrer ! Devenir pasteur est une grosse responsabilité", reconnaît-il.
Une fois sa formation de trois ans terminée, Georges Delorme pourra prêcher l'évangile, prier pour les malades, ou encore animer des réunions. Il aimerait aussi qu'une église évangélique ouvre à Amiens. Mais le jeune homme ne compte pas abandonner son métier d'élagueur pour autant. Il souhaite mener ses deux vocations de front. "Je suis attaché à mes salariés et à mon entreprise. Je veux que mes gars continuent de bosser, qu'ils aient tout le confort", souligne-t-il.
En devenant pasteur, le but de George Delorme, dont il ne se cache pas, est "d'évangéliser un maximum de personnes". Mais selon lui, les beaux discours ne suffisent pas. "Pour être convaincu, il faut mettre Dieu à l'épreuve et vivre l'expérience. Mon rôle de pasteur sera de semer la parole de Dieu dans le cœur des gens et de laisser cette parole grandir jusqu'à ce que le Seigneur se révèle à eux", estime-t-il.