Prix de l'énergie. À Amiens, les feuilles mortes transformées en biogaz pour fournir de l'électricité

Chaque année à Amiens dans la Somme, 250 tonnes de feuilles mortes sont transformées en biogaz. Mélangées à d'autres matières organiques, elles permettent d'alimenter plus de 3600 foyers amiénois en électricité.

Comment faire baisser sa facture énergétique alors que le froid approche et que les projections d'augmentation du coût de l'énergie fait craindre des difficultés pour nombre d'habitants ?

En témoigne cette courbe de l'évolution moyenne de l'électricité depuis 16 ans, les factures pour un foyer augmentent.

L'idée à Amiens

Dès que l'automne pointe le bout de son nez, les 50 000 arbres d'Amiens commencent à perdre jusqu'à 80 tonnes de feuilles, provoquant divers inconvénients : elles peuvent faire glisser les passants ou boucher les avaloirs, par exemple. C'est pourquoi chaque année, pendant 6 à 8 semaines, une soixantaine d'agents municipaux sont mobilisés sans relâche à Amiens pour les débarrasser.

Depuis 2014, Amiens Métropole a trouvé cette nouvelle solution, en partenariat avec l'usine Idex, pour les recycler (la loi interdit de les brûler) : elles sont triées et transformées en biogaz.

L'usine de méthanisation d'Amiens Nord - la plus vieille d'Europe - exploitée par Idex, recycle d'ailleurs depuis 1988 les déchets ménagers par méthanisation. Sa capacité de 100 000 tonnes lui permet également de s'occuper des feuilles mortes.

Comment ça marche ?

Tous les jours, à leur arrivée sur le site, les feuilles sont triées pour récupérer "la ferraille, le verre et le plastique", explique Gontran Delamaere, directeur de l'usine Idex. Les feuilles propres, "nobles", quant à elles, sont broyées et vont directement au centre de compostage.

Les feuilles souillées par des "indésirables" comme les verres, les canettes de soda sont méthanisées.

On retire les indésirables, on valorise les matières organiques pour les transformer en biodéchets puis en électricité

Gontran Delamaere, directeur de l'usine Idex.

Ces feuilles, une fois propres, sont mélangées avec d'autres biodéchets et injectées dans un des cinq digesteurs. "Les bactéries vont dégrader pendant trois semaines la matière organique pour produire le biogaz qui est composé de 55-56% de méthane".

Le biogaz est ensuite récupéré, stocké et valorisé essentiellement par la cogénération pour produire de l'électricité.

16 000 mégawattheures produits chaque année

Grâce à cette méthode, 16 000 mégawattheures sont produits chaque année et permettent l'approvisionnement de l'équivalent de 3 600 foyers. La matière sèche récupérée à la fin par les digesteurs, quant à elle, sert d'engrais. Les déchets sont donc valorisés à près de 90%.

En général, "500 tonnes de feuilles mortes sont traitées" chaque année. La moitié, soit 250 tonnes, va directement au compostage et l'autre, souillée, passe par la méthanisation. Ces feuilles-là ne représentent, en réalité, qu'une part minime des 70 000 tonnes méthanisées annuellement.

Car s'ils ne comptaient que sur les feuilles mortes, ils ne pourraient approvisionner en électricité que "3 à 4 foyers" chaque année. C'est le fait de les mélanger à d'autres matières organiques qui permet de monter à plus de 3 600 foyers.

Et dans tous les cas, "il y a bien un intérêt écologique et économique à le faire, au lieu d'éliminer directement les feuilles, on les valorise".

Chaque mégawattheure "permet de réduire le coût global" de l'énergie, essentielle durant cette période de hausse des prix.

Une de nos équipes avait en 2018 suivis le travail des équipes de ramassage :

Un ramassage plus tardif

Cette année, la saison a commencé plus tardivement. Le ramassage a débuté fin octobre et se terminera entre fin novembre et début décembre. En cause, "les températures sont restées assez douces et ont décalé la saison de tombée des feuilles". Cette année, le retard "est plus marqué" que les années précédentes.

Depuis le début de cette opération, les chiffres de ramassage restent stables. "D'une année à l'autre, la production de feuilles varie, note Gontran Delamaere. Cette année, on a eu un peu moins de déchets végétaux car la saison a été assez sèche, la végétation a moins poussé". Tout dépend aussi de la qualité des feuilles et de la quantité d'indésirables. 

Cette initiative est également suivie par de grandes métropoles comme Paris (Île-de-France) ou encore Metz (Grand Est).

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