Plante exotique, essentiellement cultivée dans les régions tropicales, la patate douce commence à faire son chemin dans notre agriculture française. Avec le réchauffement climatique, un couple d'agriculteurs de la Somme s'est lancé dans l’aventure.
À la Fontaine-sous-Montdidier dans la Somme, cela fait maintenant 2 ans que Gilles et Hélène Henne Fivez ont repris l’exploitation familiale pour faire de la polyculture. Outre les céréales et légumes, ce couple, tous deux diplômés de L’UniLaSalle de Beauvais, cultive également… De la patate douce. Un tubercule originaire d’Amérique du Sud. Dans nos étals, elle est quasi exclusivement importée de l’étranger.
"Ça ne ressemble pas du tout à la pomme de terre. C’est, plutôt de la famille du liseron, c’est très couvrant au sol. C’est une plante très importée des pays chauds, donc on se dit qu’il y a une carte à jouer en France", explique Gilles Henne Fivez.
Une production peu répandue en France
Le couple a dû se former en autodidacte pour cette production encore peu répandue en France, et fragile, à l’image du fécule lui-même.
Il faut contrôler température et humidité pour que la patate cicatrise, travailler à la main pour limiter les pertes. Mais cette patate sucrée se vend plus cher qu’une patate primeur. La demande est là, dans les magasins de producteurs, bientôt peut-être en moyenne surface. Et le couple s’épanouit en maîtrisant toute la chaîne.
"On s'occupe du marketing, de la logistique, de la vente. Et ça, c’est un travail que nous occupe 4 - 5 mois de l'année", détaille Hélène Henne Fivez. Autonome, l’exploitation l’est aussi pour l’eau grâce à un récent forage, légué par le père de l’agricultrice : "À son époque, il n’y avait pas cette problématique d’eau et il s’est dit qu’il fallait le faire pour la nouvelle génération pour continuer à produire sereinement".
Des températures plus douces, propices à la culture de la patate douce
Pour se développer, la patate douce a besoin de soleil et de chaleur. Les températures doivent être supérieures à 20 °C.
Avec le réchauffement climatique, ce tubercule, qui se plante au printemps, pourrait devenir de plus en plus local, nos terres devenant propices à la culture de fruits et légumes exotiques. Pour rappel, le printemps 2022 est le troisième printemps le plus sec et le plus chaud jamais enregistré en France depuis 1900.
Ainsi, les Henne Fivez ont fait le choix de l’innovation en misant sur l’avenir, bien que des inquiétudes restent présentes : "On ne sait pas dire si le printemps sera toujours comme ça, s’il va faire plus chaud, plus sec, est-ce que ce sera ponctuel, cyclique… On doit s’adapter au quotidien", confie Gilles Henne Fivez.
L'agriculteur picard alerte l’opinion publique. Notre modèle agricole ne tient plus qu’à un fil. Et c’est l’alimentation, la capacité qu’on croyait acquise d’acheter et manger ce que l’on souhaite, qui peut s’effondrer à tout moment.