A l’occasion de la COP 27, des marches pour le climat sont organisées ce samedi 12 novembre aux quatre coins de la planète. Une vingtaine de marches sont annoncées dans les Hauts-de-France, à Lille ou encore Arras, mais aussi en Flandre intérieure ou à Tourcoing, une première.
Dans le quartier de Fives à Lille, au deuxième étage de la maison de l’environnement, une dizaine de militants recense les pancartes en vue de la marche pour le climat prévue ce samedi 12 novembre. D’un côté, les slogans intemporels devenus classiques lors de ces marches : plus tard c’est trop tard, mais aussi le célèbre Winter is not coming, en référence à la série à succès Game of Thrones.
De l’autre, des messages à résonnance régionale pour dénoncer des projets jugés "climaticides" par les militants, comme l’extension de l’aéroport de Lille Lesquin ou le projet Tropicalia, gigantesque serre tropicale sur la Côte d’Opale.
Une mobilisation qui s’inscrit dans le cadre de la COP 27, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques démarrée en début de semaine à Charm-el-Cheikh, en Egypte. "Le but est de faire pression sur la question de la justice climatique, explique Vincent Boutry, Roubaisien membre de la première heure du collectif Ensemble pour le climat. Il y a une urgence absolue à ce que les pays du Nord financent les pays du Sud pour qu’ils puissent sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles".
Marcher, à quoi ça sert ?
Samedi dans la région, une grande marche va s’élancer dans les rue de Lille à 14h30.
Pour combien de participants ? Difficile à prévoir, même si leur nombre ne cesse de baisser ces dernières années. Au lendemain de la démission de Nicolas Hulot en septembre 2018, 5 000 personnes déambulaient dans les rues de la capitale des Flandres, contre à peine 1 000 lors de la dernière marche pour le climat organisée en mars 2022.
"On essaie de relancer un dynamique, avoue Vincent Boutry. Ce samedi sonne vraiment comme un cri d’alerte pour se remobiliser parce que la situation est catastrophique. Les 1,5°C (objectif de limitation de l’augmentation de la température à l’horizon 2100 fixé lors de la COP 21 à Paris, ndlr), on peut les oublier !"
Il y a un besoin de montrer au plus grand nombre que la population adhère à cette lutte pour le climat.
Alexandre Limanton, étudiant à Sciences Po Lille
Il concède toutefois que la jeunesse se détourne petit à petit de cette forme de mobilisation pour se tourner vers des actions de désobéissance civile, en témoigne la moyenne d’âge des participants à la réunion du jour.
Parmi eux, Alexandre Limanton, étudiant de 22 ans en master politique, écologie et soutenabilité à Sciences Po Lille. Selon lui, marcher et désobéir sont complémentaires. "Il y a un besoin de montrer au plus grand nombre que la population adhère à cette lutte pour le climat, car une partie reste passive. Les marches sont familiales et permettent de s’afficher en nombre pour peser dans la lutte, mais il faut aussi que des militants balancent de la soupe sur des tableaux ou que des scientifiques mènent des actions choc pour montrer l’urgence de la situation". Lui marchera à Lille samedi, et appelle sa génération à rejoindre les rangs des manifestants.
Miser sur l’hyperlocal pour mobiliser
Comment alors inciter les personnes concernées à marcher ? Les organisateurs ont décidé d’innover et organisent des manifestations simultanées dans plusieurs communes des Hauts-de-France. "L’idée est que chacun se base sur la COP 27 pour organiser une manifestation locale", résume Vincent Boutry.
Sur la carte mise en ligne et actualisée en temps réel, une vingtaine d’événements apparaissent : Arras, Roubaix, Tourcoing, Abbeville, la Flandre – où les habitants vont se réunir devant les mairies de leurs villages avant de converger vers Hazebrouck, Bailleul ou Cassel - Saint-Pol-sur-Ternoise mais aussi Sibiville, village de 111 habitants situé aux confins du Pas-de-Calais et à la frontière avec la Somme voisine. "Je crois ne pas me tromper en disant que ce sera la première manif pour le climat organisée à Sibiville", sourit le militant.
Carte renseignée par les militants :
Car l’objectif est d’organiser le maximum d’événements possibles, partout sur le territoire. "On veut démultiplier les actions parce qu’on est persuadés que l’adaptabilité face au dérèglement climatique est une question hyper locale. Ces mobilisations sont l’occasion de se rendre compte qu’on n’est pas tout seul et qu’on peut sortir de ses petits gestes du quotidien pour être plus ambitieux collectivement".
Une vision qui a convaincu Céline Urso, membre du collectif Tourcoing en transition. L’institutrice, qui pense que « c’est localement que des solutions vont être trouvées », va organiser la première marche pour le climat de l’histoire de sa ville ce samedi.
Je pense que nous allons pouvoir discuter de sujets qui nous touchent directement, avance-t-elle. Je pense par exemple aux travaux d’un autre temps engagés boulevard Gambetta qui ont entrainé l’abattage d’arbres qui n’étaient pas malades.
Céline Urso, membre du collectif Tourcoing en transition.
Partager les luttes avec ses voisins pour mener conjointement des combats futurs pour le climat. Rendez-vous samedi pour voir si ce pari porte ses fruits.