Tandis que la piste de ski de Nœux-les-Mines, dans le Pas-de-Calais, n’avait pas pu rouvrir fin septembre en raison d’un arrêté préfectoral lié à la sécheresse, elle a repris du service ce mercredi 26 octobre, avec toutefois quelques restrictions. Une bonne nouvelle pour les loisirs, mais qu’en est-il du climat ?
Le parc de Loisinord, à Nœux-les-Mines, continue d’être éprouvé en cette année 2022 : après des fermetures de sa base nautique cet été à cause d’une dégradation de la qualité de l’eau, c’est au tour de sa piste de ski d’être confrontée aux conséquences du réchauffement climatique.
En effet, elle a rouvert ce mercredi 26 octobre avec un retard d’un mois dû à l’alerte sécheresse déclarée dans le territoire et encadrée par l’arrêté préfectoral du 7 septembre.
Outre le fait que skier dans le Pas-de-Calais a de quoi surprendre, quel est le lien, me direz-vous, entre une piste de ski alpin de 74 mètres de haut et la sécheresse ?
Cela s’explique par la particularité de cette piste située sur un terril, car son tapis en plastique synthétique doit être humidifié en permanence pour pouvoir glisser. C’est là qu’interviennent les brumisateurs, dont l’eau, non potable, provient de la nappe phréatique.
30% d'eau pompée
Utiliser cette eau "de façon modérée" était ainsi la condition sine qua non imposée par la préfecture pour que Loisinord rouvre partiellement en octobre, comme l’explique Philippe Drumez, conseiller délégué en charge du sport à la Communauté d'agglomération Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane.
Concrètement, la piste utilise actuellement 30% maximum de ce qu’elle consomme en temps normal. "Nous sommes descendus à 3 heures de pompage par jour au lieu de 8 à 10 heures", précise Philippe Drumez, également maire de Cambrin.
Nous sommes descendus à 3 heures de pompage par jour au lieu de 8 à 10 heures.
Philippe Drumez, conseiller délégué en charge du sport à la Communauté d'agglomération Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane.
Pour ce faire, les horaires d’ouverture ont été modifiés : tous les jours de 14h à 17h30 pendant les vacances scolaires de la Toussaint, puis à compter du 7 novembre, mêmes horaires mais seulement le mercredi, samedi et dimanche.
Pour la suite, ce sera au jour le jour, pour le moment en utilisant la même source d’eau qu’habituellement. "Nous sommes conscients qu’on pompe dans la nappe, et c’est ennuyeux, reconnaît toutefois Philippe Drumez. Mais nous travaillons en bonne intelligence avec la préfecture et les services hydrauliques", assure-t-il en mentionnant les mesures de la nappe phréatique réalisées pour surveiller son niveau.
Penser le futur
Des pistes d’améliorations sont également en discussion : d’abord, continuer à faire le pari de la récupération de l’eau de pluie pour la réutiliser.
Deux cuves de 7m3 permettent déjà d’utiliser ce procédé, mais l’agglomération réfléchit selon son conseiller chargé du sport à mettre en place des cuves "de capacité bien supérieures pour augmenter le stockage". "Nous réfléchissons aussi à la possibilité de récupérer ce qui est extrait du sol pour le réinjecter", complète Philippe Drumez.
Nous sommes forcément rattrapés par le contexte et c’est à nous de nous adapter.
Philippe Drumez
Autant de réflexions devenues nécessaires face aux conditions climatiques de plus en plus contraignantes. Philippe Drumez avoue ne jamais s’être posé ces questions auparavant, "tout simplement car nous ne manquions pas d’eau. Il y avait le lac à proximité, donc on se disait ‘pourquoi chercher midi à 14h ?'. Mais comme tout citoyen, nous sommes forcément rattrapés par le contexte et c’est à nous de nous adapter", défend-il.
D’abord pour éviter d’autres fermetures temporaires qui impacterait les salariés du site, voire une fermeture définitive, même s’il n’imagine pas un tel scénario, mais également afin de "trouver des stratégies pour pallier les problèmes d’eau et d’énergie".
Une feuille de route pour les années à venir, avec diverses actions, doit justement être présentée le 6 décembre en conseil communautaire. Un bon début, même si Philippe Drumez se dit beaucoup plus inquiet par le défi énergétique posé par les piscines, qu’il faut chauffer.
Une piste artificielle avait aussi fait parler d'elle cet été dans le sud de la France.