Une piste de ski synthétique en plastique a été installée au début du mois de juillet dans une station de ski du Val d'Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Elle suscite la colère de certains habitants qui y sont opposés.
C'est un ruban vert fluo de 162 mètres de long et d'une dizaine de large, qui descend dans l'une des prairies de la station de sports d'hiver de la Foux d'Allos, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Pas de neige à l'horizon, mais des skieurs empruntent une remontée mécanique et dévalent la pente.
Il s'agit d'une piste de ski d'été synthétique. Point de poudreuse au sol, mais du plastique. C'est un équipement de "Dry slope" qui compte parmi les premiers en France et qui contrairement à d'autres déjà en place, n'utilise pas d'eau.
Installée dans une prairie qui sert l'hiver de piste de ski, elle a été ouverte au public le 23 juillet dernier. " Les premiers retours sont très positifs, les gens aiment beaucoup pouvoir faire de la glisse. Il faut faire 3-4 descentes pour s'adapter" atteste Jean-Sébastien Muet, le président de Val d’Allos loisirs développement (Vald).
Une activité complémentaire pour la station
Ce projet, le président de Val d'Allos loisirs développement y pense depuis longtemps, c'est en voyageant qu'il a découvert le "Dry slope". " On voulait apporter une autre activité novatrice à faire l'été en plus de tout ce qui est déjà proposé, du VTT, des balades à cheval et des luges quatre saisons" explique t-il.
L'Office de tourisme du Val d'Allos y voit une activité complémentaire et novatrice. "C'est toujours sympathique quand il y a une nouveauté. En plus plusieurs commerces de locations de matériels de ski sont ouverts et ont décidé de jouer le jeu aussi" commente Elisabeth Berruer, la directrice de l'office de tourisme.
Pourtant, ce projet n'enchante pas tout le monde. Lors de l'ouverture de l'équipement plusieurs banderoles contestataires ont été accrochées par des riverains : "Rendez-nous la prairie" et "Le plastique ça suffit".
"Une piste en plastique recyclé"
Dès qu'il a découvert les travaux dans la prairie et l'intention de faire une piste de ski d'été, Pablo Collin a lancé sa pétition. " On était même pas au courant que ça allait se faire, déplore le jeune homme. On a trouvé ça dramatique et fou quand on a vu la prairie se faire détruire." C'est la première pétition que réalise cet étudiant qui vient à chaque vacances dans sa maison de famille au Val D'Allos.
Pour créer la piste, plusieurs machines sont venues apporter de la terre sur la prairie. Puis elle a été recouverte de plaques synthétiques de plastique. Jean-Sébastien Muet explique : " La piste est en plastique recyclé, nous avons choisi le fabricant italien: Nevetplast, spécialement pour. Dans tous les cas l'équipement est totalement démontable".
La piste est en plastique recyclé, nous avons choisi le fabricant italien: Nevetplast, spécialement pour et dans tous les cas l'équipement est totalement démontable
Jean-Sébastien Muet
"Il faut prendre conscience qu'ils détruisent un trésor"
Mais cet argument ne convient pas aux opposants du projet qui y voient de nombreux autres aspects négatifs. " Il faut prendre conscience qu'ils détruisent un trésor. C'est la biodiversité de la prairie qui menace à la fois les végétaux mais aussi les animaux avec les insectes" déclare Mireille Provansal, géomorphologue. Son mari, François Provensal ajoute : " Sans compter que le plastique libère des microparticules quand les gens glissent dessus et que ça pose question sur leurs dépôts dans le Verdon."
Le couple possède une maison de famille construite en 1939 non loin de la nouvelle piste de ski synthétique. Le président de Val d'Allos loisirs développement dément : " les engins qui ont été utilisés pour les travaux sont beaucoup moins lourds que les dameuses utilisées l'hiver. Tandis que les particules de plastiques elles sont très infimes. Nous avons eu toutes les autorisations des acteurs territoriaux pour installer l'équipement ici."
Le couple a fait appel aux fédérations Nature Environnement (FNE) du département de la région Provences-Alpes-Côte d'Azur qui suivent l'affaire de près. Le sujet est à l'ordre du jour du prochain conseil d'administration.
Depuis son installation, 250 personnes ont testé l'équipement. Initialement prévu pour une période d'un mois, jusqu'au 28 août. Or la piste ne sera pas démontée à cette date. " J'ai eu beaucoup de demandes d'ouverture de la part de clubs de ski pour venir s'entrainer le week-end en automne, donc nous devons en discuter avec les acteurs du territoire. A voir si on ne peut pas le laisser pour l'hiver car ça peut s'adapter sans problèmes" raconte Jean-Sébastien Muet.
Les opposants aux projets ont récolté plus de 1266 signatures sur les 1500 escomptées, ils aimeraient voir disparaitre la piste de ski d'été. Mireille Provensal espère : " la mise en place d'autres activités pour fréquenter la montagne en douceur."