Le projet de réforme des retraites est au cœur de toutes les discussions. Présenté comme un système universel où la retraite sera calculée par points, il est censé remettre le système à l'équilibre. Mais il suscite mécontentement et crispation. Qu'en pensent les jeunes ?
Chloé Hernandez, est présidente de l'UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) à Amiens et en Picardie, cette jeune étudiante de 22 ans travaille afin de financer ses études. "J'ai commencé sur les marchés à l'âge de 16 ans et je suis aujourd'hui dans la restauration. Malgré tout ma situation reste précaire comme celles de nombreux étudiants". Les mesures du projet de réforme des retraites détaillées par le Premier ministre mercredi n'ont pas rassuré l'étudiante, bien au contraire. "Ce que je retiens, c'est qu'il aura pour conséquence de faire baisser le niveau de nos futures retraites et qu'il nous faudra travailler plus longtemps."
L'étudiante espère un abandon de ce projet de réforme. Depuis le début des grèves et des manifestations, elle est dans la rue pour défendre les jeunes mais aussi tous ceux qui sont touchés par la précarité. "Cette réforme est discriminatoire et sexiste, et elle va créer un gouffre social", ajoute Chloé. Si l'âge de départ à la retraite est maintenu à 62 ans, la réforme instaure un "âge pivot" à 64 ans pour toucher un taux plein. "Mettre de l'argent de côté pour ma retraite je n'y pense pas vraiment, je n'ai que 22 ans", même si la jeune femme conserve un bas de laine pour les mauvais jours. "J'ai un prêt étudiant que je dois rembourser. Je cotise depuis l'âge de 16 ans." Mais avec le système à points elle craint d'être défavorisée : les emplois étudiants sont généralement des emplois précaires.Cette réforme va créer un gouffre social
Le 17 ils seront parmi les manifestants
Pour Angèle Lemaire, 23 ans, présidente de la FAEP (Fédération des Associations Etudiants de Picardie), il y a une ligne rouge que le gouvernement ne peut pas franchir. Son syndicat au niveau national FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) n'avait pas appelé à manifester, mais aujourd'hui, après les annonces de mercredi d'Édouard Philippe, l'étudiante et son syndicat craignent qu'en imposant une mesure d'âge, le système force les salariés à travailler plus longtemps et pénalise les jeunes en premier. "On attend aussi plus de détails sur la question de la pénibilité. Les annonces actuelles nous inquiètent, le 17 décembre nous serons dans la rue" .
Fabien Carnoy 22 ans est en 3ème année en Science Politique à Amiens : il estime que la situation actuelle est préoccupante. "Même si on n'est pas encore dans le monde du travail, on reste dans l'incertitude. Au-delà des considérations sur le projet de réforme des retraites, notre avenir reste incertain. Dans le futur, est-ce qu'on dépendra de ce système de retraite ou bien d'une autre réforme qui se mettra en place plus tard. Je vois quelques incohérences dans tout ça : on nous incite à travailler plus pour avoir le taux plein mais le chômage continue d'augmenter. Je pense aussi à tous les jeunes qui n'ont pas la chance d'avoir un diplôme en poche, pour qui ce sera plus difficile et à tous ceux qui auront une carrière hachée". Jusqu'à présent Fabien n'a pas participé aux manifestations, mais le 17 il sera, lui aussi, dans la rue.