Depuis le remaniement, les collectifs féministes critique les nominations de Gérald Darmanin, qui fait l'objet d'une enquête pour viol, et d'Éric Dupond-Moretti, défavorable au mouvement #metoo. Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à Amiens pour exiger leur démission.
Le poing levé et la mine grave, elles dénoncent un "remaniement de la honte". Une cinquantaine de femmes -et une poignée d'hommes- se sont rassemblées à Amiens à l'appel du collectif Osez le féminisme. Elles ont marché de la Maison de la Culture au palais de justice.
"Manque de respect envers les femmes"
Comme dans plusieurs villes de France, elles sont sorties dans la rue pour exiger la démission de deux ministres fraîchement nommés. D'un côté, Gérald Darmanin, nommé au poste-clé de ministre de l'Intérieur. Le nouveau patron des policiers fait l'objet d'une plainte pour viol. Si l'enquête préliminaire a d'abord été classée sans suite, la cour d'appel a demandé la reprise des investigations à la mi-juin, soit deux semaines avant le remaniement. Les militant.e.s féministes demandaient d'ailleurs déjà sa démission de son précédent poste de ministre des Comptes publics."C'est un manque de respect envers les femmes, envers les victimes de harcèlement et de viol", estime Estelle Camoes du collectif féministe Les Bavardes. "Et c'est aussi une promesse non-tenue du président de la République". Après son élection en 2017, Emmanuel Macron avait promis de faire de l'égalité entre les hommes et les femmes la "grande cause nationale du quinquennat".
"On fait plusieurs pas en arrière"
L'autre nomination qui fait grincer des dents les collectifs féministes, c'est celle d'Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice. "Ça nous fait peur", le mot est lâché. "C'est déjà par facile pour nous de porter plainte quand on est victimes de violences, mais en sachant que le ministre de la Justice porte de tels propos, ça fait encore plus peur. On sent qu'on recule, qu'on fait plusieurs pas en arrière", poursuit Estelle Camoes.Elle fait ici référence aux propos du très médiatique avocat sur les mouvements #metoo et #balancetonporc. Début 2019, il disait dans le magazine GQ :"Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole et c’est très bien. Mais il y a aussi des 'follasses' qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec qui ne peut pas se défendre car il est déjà crucifié sur les réseaux sociaux." Il s'était également opposé à la création du délit d'outrage sexiste mis en place par sa désormais collègue Marlène Schiappa, estimant que certaines femmes "regrettent de plus être sifflées". D'autres sorties médiatiques du même acabit ont convaincu les collectifs féministes et certaines personnalités publiques, comme Camélia Jordana, de s'opposer à sa nomination.