Gérald Darmanin/Eric Dupond-Moretti : les ministres nordistes qui exaspèrent les féministes

Depuis la nomination de Gérald Darmanin, au ministère de l'Intérieur, alors qu'il existe une plainte contre lui pour viol, et la nomination de Me Eric Dupond-Moretti, qui a moqué le mouvement #metoo, des féministes réagissent sur les réseaux sociaux et dans la rue.

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A Lille, une cinquantaine de manifestants sont venus protester Place de la République, contre la nomnation d'Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin dans le nouveau gouvernement, d'après notre confrère de La Voix du Nord.


A Paris, une vingtaine de militantes féministes se sont rassemblées mardi non loin du ministère
de l'Intérieur, scandant "Darmanin démission" et "Darmanin violeur" pendant la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, le nouveau ministre visé par une plainte pour viol.
    
Descendant la rue avec des fumigènes et des pancartes "Darmanin à l'Intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes", ces militantes, qui ont répondu à un appel spontané sur les réseaux sociaux, ont été rapidement stoppées par les forces de l'ordre qui quadrillaient le quartier, également proche de l'Elysée, a constaté une journaliste de l'AFP.
    
Postées à quelques mètres de la Place Beauvau, elles ont chanté "Darmanin violeur, police complice" ou encore "Un violeur à l'Intérieur, un complice à la Justice", en référence au nouveau garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, à qui elles reprochent "un désintérêt et des attaques" contre les prises de paroles de femmes victimes de violences.
  
"Ce remaniement montre bien que nous ne sommes pas entendues, pas crues. La promotion
de Gérald Darmanin est une blague... Cela suscite tellement de colère, de désespoir que nous poursuivrons nos actions"
, a déclaré à l'AFP Tiphaine, une militante, regrettant de ne pas pouvoir avoir pu "aller devant le ministère".
    
Les avocates de la femme qui accuse Gérald Darmanin de "viol" depuis 2017 se sont dites mardi "consternées" par sa nomination au ministère de l'Intérieur, un "geste politique" qui "pose problème au regard de l'égalité des armes et des paroles" dans l'enquête judiciaire.
    
"C'est avec stupéfaction sinon consternation que nous avons appris (cette) nomination", écrivent dans un communiqué à l'AFP Me Marjolaine Vignola et Me Elodie Tuaillon-Hibon. "Il est évident que ce geste politique, dont on imagine mal qu'il ait été fait sans le plein aval de l'Élysée, complique sérieusement la situation et pose problème au regard de l'égalité des armes et des paroles", d'après elles.    
L'entourage du Président a fait savoir lundi soir que cette plainte ne constituait "pas un obstacle" à sa nomination en tant que ministre de l'Intérieur, qu'elle semblait évoluer dans le bon sens, ce qui a déclenché la "colère" des féministes.

Des féministes de la région s'inquiètent

Pour Katy Vuylstecker, conseillère municipale d'opposition à Tourcoing EELV, et membre de Nous Toutes 59, ces nominations sont "un choc". "La grande cause du quinquennat lde lutte contre les violences faites aux femmes est reléguée aux oubliettes". "C'est très déçevant..." et quand on voit qu'il est accompagné comme garde des sceaux de Dupont-Moretti qui a plusieurs fois tenus des propos très borderline, c'est un très mauvais signal qui est envoyé aux femmes."

Le collectif Osez le féminisme 59 s'insurge sur Twitter en relayant les messages de l'association au niveau national, qui définit ce gouvernement comme "une honte".

 

Delphine Beauvais, directrice de Solfa, une association qui aide les femmes victimes de violences, dit attendre "de voir l'action du nouveau gouvernement vis à vis de la protection des femmes et la pénalisation des auteurs de violences en espèrant que ce qui a été mené jusqu'alors continue". "Il serait fort dommage de revenir sur le travail qui a été fait", conclue-t-elle.

La gauche proteste

La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a dénoncé mardi la "formidable claque qu'Emmanuel Macron lance au visage de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre les violences sexuelles" avec les nominations de Gérald Darmanin à l'Intérieur et d'Eric Dupond-Moretti à la Justice, "deux postes clés de ces sujets"."Ce gouvernement est très inquiétant du point de vue de ce qui était supposé être la grande cause du quinquennat, la question des droits des femmes et de l'égalité", a estimé sur franceinfo l'ancienne ministre socialiste.
    
Elle s'est dite "perplexe sur la capacité et du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Justice de faire de la lutte contre les violences sexuelles une de leurs priorités", alors qu'"aucun de ces deux hommes n'a manifesté jusqu'à présent le moindre intérêt pour ces sujets".
    
"Je ne préjuge pas des affaires judiciaires de M. Darmanin, encore que les faits sont connus, si la qualification peut prêter à discussion: il s'agit d'un échange de faveurs sexuelles contre une intervention par un homme de pouvoir"
, a-t-elle insisté. 
    
"Dupond-Moretti n'a jamais caché son aversion pour tout ce qui est Me Too ou la loi sur le harcèlement de rue", a-t-elle ajouté en déplorant un "désaveu" pour Marlène Schiappa, l'ancienne secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, avec ce ministre de la Justice "qui a clairement dit tout le mépris qu'il avait pour ce qui était une avancée".
    
"Pour l'Elysée +ce n'est pas un obstacle+... de là à en faire un tremplin ?! La présomption d'innocence n'empêchait pas la vigilance républicaine qui aurait justifié de ne pas confier la tutelle de la police à un suspect", a écrit sur Twitter le président du Parti radical de gauche Guillaume Lacroix.
    
 
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