Vendredi 22 mai, le gouvernement a publié un décret autroisant la reprise des célébrations religieuses en présence des fidèles. A la cathédrale d'Amiens, tout le monde s'active pour mettre en place les règles sanitaires imposées. Les églises protestantes attendent encore un peu avant de rouvrir.
"Ca a été la bonne nouvelle du matin ! C'est une grande joie ! Un grand bonheur de retrouver les fidèles !". Au téléphone, on imagine le sourire de Don Edouard. On l'entend dans sa voix. Le recteur de la paroisse de la cathédrale d'Amiens est heureux de pouvoir enfin revoir ses paroissiens. "On a même sonné les cloches ce matin à 8h55 pour annoncer la messse de 9h, raconte-t-il. C'était la première avec des gens depuis le début du confinement. Bon, il n'y avait pas grand monde. 40 personnes tout au plus. Mais ça fait du bien de se rassembler à nouveau pour prier. Pour les chrétiens, être ensemble, c'est très important".Une première que le prêtre, très connecté, n'a pas manquée d'évoquer sur la page Facebook de la paroisse :
Les règles sanitaires dont parle Don Edouard dans cette vidéo sont "draconiennes. C'est très rigoureux. On n'a pas de limitation du nombre de fidèles. Mais comme on a la chance d'avoir la plus grande église de France, on peut facilement respecter les règles sanitaires ! explique le recteur. On peut entrer d'un côté et sortir d'un autre puisqu'il y a deux entrées dans la cathédrale. On espace les chaises pour que les gens aient suffisamment de place entre eux. Pour respecter les 4m² par personne, on doit avoir environ 1m13 entre les chaises. Masque obligatoire : les gens viennent avec. Sinon, on va en vendre à prix coûtant pour ceux qui n'en ont pas en arrivant. Il y aura aussi du gel hydroalcoolique mais si les gens peuvent venir avec le leur ce serait bien ! "
L'Evêque d'Amiens pour dire la messe
La première messe dominicale en présence de fidèles, c'est dimanche 24 mai à 10h30. C'est Monseigneur Leborgne, l'Evêque d'Amiens qui doit spécialement officier pour l'occasion.
"Dimanche, ça va être un galop d'essai avant les célébrations de la Pentecôte. On sera assez rigoureux pour que les gens prennent le cap, précise Don Edouard. Il n'y aura pas de feuilles de chant pour éviter que les gens ne se les échangent. Il faudra qu'ils les impriment eux-mêmes. Pour la communion, les fidèles ne se déplaceront pas pour venir communier : ce sont les prêtres qui iront jusqu'à eux. Il n'y aura pas de geste de la paix. On va éviter tous les déplacements à l'intérieur. Même si on a la chance d'avoir un édifice immense. On n'a pas envie que l'épidémie reparte."
Reprise plus tardive pour les protestants
C'est ce que veut également éviter Fabien Fourcasse. "Déconfiner oui, mais déconfiner prudemment, explique le pasteur de l'Eglise Evangélique Baptiste d'Amiens. C'est ce que nous demande le Conseil national des évangéliques de France. Le foyer épidémique de Mulhouse vient quand même d'un rassemblement religieux, évangélique en l'occurrence. Ça ne nous a pas traumatisés mais on va faire attention !
Chez les protestants, il n'y a pas d'instance centrale qui prend les décisions. Chaque église s'organise comme elle veut : "sur Amiens, les communautés évangéliques ne vont pas rouvrir tout de suite leur église. Contrairement aux catholiques qui sont très attachés au bâtiment qu'est l'église, les protestants n'ont pas cet attachement. Pour nous, l'église, ce sont les gens qui se réunissent. Donc nous, on préfère attendre le 14 juin. D'autres communautés vont certainement rouvrir avant, dès le 30 mai."
Masque obligatoire
Et là aussi, gestes barrières et règles sanitaires obligatoires. "Dans notre église, on a la possibilité de faire une entrée et une sortie différentes avec un parcours flêché jusqu'à la salle principale. Si tout le monde vient, il y aura environ 70 fidèles. Donc, pour respecter la distance d'un mètre entre deux personnes, on va devoir installer les gens dans 3 salles différentes. Dans deux salles, on mettra des écrans pour suivre le culte. On va enjoindre les fidèles à éviter de se croiser et d'être trop près les uns les autres. On va demander à ce que les gens aient un masque. On en aura en stock quelques uns pour ceux qui n'en ont pas. Et une personne à l'accueil vérifiera que les gens qui attendant pour entrer respectent la distanciation physique. Il y aura également du gel hydroalcoolique. Pour le moment, c'est théorique. On verra concrètement le premier week-end de juin comment on peut tout mettre en place. Les gens symptomatiques seront priés de ne pas venir tout comme les personnes fragiles."
Fabien Fourcasse attendait la décision du gouvernement depuis plusieurs semaines : "on était attentifs. On retrouvait nos fidèles ! C'est une grande joie ! On a gardé le lien grâce à notre chaîne YouTube mais ce n'est pas la même chose ! ".
L'odeur de l'encens
Une décision politique également anticipée à la cathédrale d'Amiens. Car si tout est aussi précisément organisé, c'est que l'équipe de la paroisse réfléchit à la reprise des célébrations en public depuis plusieurs semaines. "On ne pensait pas que ce serait décidé avant la Pentecôte mais on est prêts ! se réjouit Don Edouard. On a besoin de présence physique donc c'est une grande joie. Ça va permettre pour certains de sortir de leur isolement. Mais on se demande s'il y aura du monde parce que les gens préféreront peut-être rester chez eux." Le recteur vise quand même 350 personnes pour ce premier office normal du déconfinement. "On peut avoir entre 250 et 700 fidèles à la messe du dimanche matin, confie Don Edouard. Si on en a 350, c'est pas mal ! En tout cas, on se prépare pour ce nombre. Ce que je veux c'est que les gens aient une audace raisonnable, qu'ils prennent un risque responsable".
Et de conclure : "on va retrouver l'odeur de l'encens. C'est un détail mais ça veut dire qu'on sera réunis physiquement. Qu'on va pouvoir prier ensemble et plus derrière un écran."