"Le risque sanitaire est encore trop important" : En Picardie, les mosquées ne rouvriront pas pour l'Aïd el-Fitr

Débuté le 23 avril en pleine épidémie de coronavirus, le mois de ramadan s'achèvera le 24 mai avec l'Aïd el-Fitr. En Picardie, aucune mosquée n'ouvrira ses portes aux fidèles ce dimanche, alors que le Conseil d'Etat vient d'ordonner de lever l'interdiction de réunion dans les lieux de culte.

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C’est une annonce qui n’est pas passée inaperçue au sein des fidèles et croyants, à seulement quelques jours de la fin du mois de ramadan. Ce lundi 18 mai, le juge des référés du Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative en France, ordonnait au gouvernement de lever l’interdiction générale et absolue de réunion dans les lieux de culte. A la place, il préconisait des "mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires".

Pour autant, les mosquées ne rouvriront pas pour l’Aïd el-Fitr, prévu ce dimanche 24 mai. Il y a, d’abord, la nécessité d’attendre les propositions du gouvernement pour la réouverture des lieux de culte. Or, pour le moment, aucune consigne concernant d’éventuelles modalités de réouverture n’a été donnée. Par ailleurs, il y a le risque sanitaire que souligne Hassan Younes, imam à la mosquée de Beauvais et président de l’Association des Musulmans de l’Oise : "Notre département a été particulièrement touché par cette épidémie. Il n’est pour le moment pas question de rouvrir les lieux de culte, le risque est encore trop important sur le plan sanitaire."
 


"C’est impossible à gérer"

En cas d’autorisation claire de réouverture des lieux de culte, il faudrait encore une organisation considérable pour permettre l’accès aux mosquées en respectant les consignes sanitaires et les gestes barrières. "Comme la prière se fait l’un à côté de l’autre, c’est absolument impossible, souligne Ali Sakri, secrétaire à la Grande Mosquée d’Amiens. Ce n’est pas possible de se rassembler dans une salle fermée, le risque de contamination est trop important."

Même constat pour Hassan Younes, selon qui "c’est impossible à gérer. Nous ne sommes pas en mesure de tout préparer à temps. Il y a un travail à faire avec les autorités." Dans l’Oise, rouvrir les mosquées reviendrait à devoir faire appliquer les mesures d’hygiène et de protection dans des lieux pouvant rassembler jusqu’à 3000 personnes. "Même si nous y étions autorisés, nous ne rouvririons pas. Il y a trop de monde qui vient dans nos mosquées."


Des alternatives proposées

Dans son prêche hebdomadaire ce vendredi 22 mai, l’imam de Beauvais partageait avec les fidèles différentes consignes pour célébrer l’Aïd el-Fitr, que chacun sera contraint de fêter chez soi, dans les meilleures conditions. La première intervient sur le plan rituel, afin de remplacer la prière de l’Aïd qui se fait habituellement dans les mosquées. "On va pouvoir exceptionnellement la faire en famille à la maison", affirme Hassan Younes.
 
D’autre part, il y a la dimension purement sanitaire. "On comprend parfaitement que les membres d’une famille souhaitent se retrouver ensemble, assure le président de l’Association des Musulmans de l’Oise. Mais il ne faudra pas que cela se fasse à plus de dix personnes." L’imam demande également de respecter la distanciation et, dans le cas où ce n’est pas possible, de porter un masque. Il insiste enfin sur les contacts entre grands-parents et petits enfants : "Les accolades sont une tradition mais il faudra s’en passer. Ce sera pour la prochaine fête."

Une réouverture de la mosquée dans les jours à venir n'est pas impossible pour la prière quotidienne, selon Nordine Zinbi, président de l'association socioculturelle Espoir & Fraternité (Ascef) à Beauvais. Avec du gel à l'entrée, l'obligation du port du masque et de la distanciation sociale."En général, il y a beaucoup moins de monde pour ces prières que pour une fête comme l'Aïd. On peut alors mettre en place les mesures barrières, explique Nordine Zinbi. Dimanche 24 mai, symboliquement, un lâcher de ballons aura lieu devant le chantier de la Grande Mosquée de Beauvais par une dizaine de jeunes. "Ca ne remplace pas, mais c'est un symbole pour marquer ce jour important".

Hassan Younes reste positif malgré tout et affirme que la préservation de la vie prévaut sur le rituel : "Nos textes sont très clairs. La sacralité de la vie humaine prévaut sur tout le reste."
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