Fortement pénalisés par la mobilisation des gilets jaunes les 17 et 18 novembre, certains commerces d'Amiens-Nord et Sud ont enregistré jusqu'à -85 % de chiffre d'affaires par rapport à un week-end habituel. Certains commerçants, solidaires de la cause, sont cependant très inquiets des conséquences.
Son parking est vide et ses allées désertes. Le centre commercial Shopping promenade d'Amiens-Nord fait grise mine en cette matinée du lundi 19 novembre, alors que la mobilisation des gilets jaunes ne faiblit pas. Après un samedi noir, ils s'inquiètent des blocages qui perdurent.
"Assez vite, ça risque d'être compliqué pour nous, économiquement," signale Jean-Louis Bieckens, un commerçant du Shopping promenade qui se revendique du côté des gilets jaunes. "Je comprends le ras-le-bol," ajoute-t-il.
Même angoisse pour ce couple de franchisés : samedi 17 novembre, au plus fort des blocages, ils ont enregistré 100 euros de chiffres d'affaires contre... 1500 un samedi habituel. "J'ai servi deux-trois clients, des employés de la zone qui sont venus manger. Si je compte l'électricité, le chauffage... Effectivement c'est zéro, c'est négatif pour ce week-end.
Le risque du recours au chômage partiel
Un restaurant voisin a enregistré une baisse de 85% du chiffre d'affaires ce week-end-là. "Si ce genre de journée se répète - le samedi étant notre plus grosse journée et celle du Shopping Promenade en général - il y aurait des conséquences dramatiques, en termes d'emploi, pour les salariés de la zone," constate Christophe Dupont, le gérant.À Amiens-Sud, les blocages continuent en ce début de semaine. Samedi, au lieu des 20 000 clients habituels, 3 000 seulement (soit 15%) se sont risqués dans la zone commerciale, qui emploie 800 salariés. "La conjecture nationale est compliquée, les clients sont de plus en plus sur internet et moins dans le commerce physique. Le Black Friday arrive, on va inciter les consommateurs à aller sur internet et non plus dans ces commerces physiques," note Sébastien Proust, le responsable de la zone commerciale.
Tous les commerçants interrogés se disent solidaires des gilets jaunes, mais ils redoutent d'avoir à recourir au chômage partiel pour faire face aux conséquences économiques des blocages aux abords des zones commerciales.
Pour rappel, le mouvement dit "des gilets jaunes" a été lancé samedi 17 novembre et vise à bloquer des axes, centres commerciaux ou stations essence pour protester contre la hausse des taxes et du prix des carburants.