TÉMOIGNAGE - Deux familles amiénoises ont relevé le défi zéro déchet : "si on fait rien, les choses ne changeront pas"

Il y a un an, la métropole amiénoise a lancé la troisième édition du défi zéro déchet. Nous avons suivi deux familles parmi les soixante qui se sont lancées dans l'aventure durant six mois. Malgré le confinement, elles ont réussi haut la main à réduire leur production de déchets.

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Tout commence le 9 novembre 2019 avec le lancement de la troisième édition du défi zéro déchet organisé par Amiens Métropole. Les familles participantes prennent connaissance des règles à suivre. Il faudra peser ses ordures ménagères, son verre, ses déchets recyclables et ses bouteilles en plastique.

Pour mener à bien cette mission, chaque famille reçoit un kit avec notamment une balance qui va permettre de peser les déchets. "Sur les deux précédents défis, la centaine de foyers qui a participé a permis durant un espace de six mois de pouvoir réduire de 6 tonnes ses déchets", affirme Philippe Boulogne, directeur de l'association En savoir plus qui encadre le projet. 

C'est parti donc pour six mois. Les familles Caplain et Kielbasa sont d'attaque. L'objectif fixé par la mairie est de baisser le poids de ses déchets de 25%. Geoffroy Caplain est prêt : "On s'y était préparé dans la famille donc je pense que c'est le bon moment. On est assez motivés."
 


Ce père de famille est instituteur, sa femme Morgane travaille dans le social. Tous les deux sont déjà bien sensibilisés à la gestion des déchets. Le couple a même déjà des poules et un compost. Grâce au défi, la famille Caplain espère surtout trouver des solutions pour éliminer ses déchets plastiques.

Du côté de la famille Kielbasa, ce sont les enfants qui ont insisté pour participer. "On jette énormément de déchets, on ne fait plus attention donc il faut sauver la planète pour plus tard, pour les océans, les animaux", explique Victor. 

Entre 2 et 4 kilos de moins en trois mois

Trois mois après le début du défi, les habitudes ont déjà bien changé, notamment lors du petit-déjeuner. "On a les céréales achetées en vrac, la confiture et les biscuits faits maison. Avant les céréales étaient dans l'emballage, les biscuits étaient emballés un par un, un truc qui me paraît aberrant maintenant", avoue Geoffroy Caplain. 
 

Au début on devait être à 5 ou 6 kilos par semaine, là on doit être aux alentours de 3 ou 4 avec les couches

Geoffroy Caplain


Ici, les poubelles se sont multipliées : jaune, grise, papier, verre, compost... Il reste quand même toujours d'irréductibles déchets, notamment les bouteilles de lait et les couches de la petite dernière, mais pour l'ensemble, le défi semble bien parti.  "Au début on devait être à 5 ou 6 kilos par semaine, là on doit être aux alentours de 3 ou 4 avec les couches", annonce Geoffroy Caplain. 

Le zéro déchet, ça prend du temps

Pour moins jeter, il a fallu forcément s'investir davantage, notamment dans les courses : deux heures de plus par semaine. "Des fois j'aurais envie de choisir la facilité et puis on essaye de se raisonner et de se dire que cela a un impact pour plus tard. Cela montre aussi à nos enfants des valeurs qu'on a envie de leur transmettre", estime Morgane Caplain.
 

Depuis le début du défi, la famille Kielbasa ne met pratiquement plus les pieds dans les hypermarchés. "J'ai mon circuit désormais, si je veux amener mon fils au sport, je sais que là je peux m'arrêter acheter les pommes de terre, les œufs, le fromage, la viande. Au final, on ne dépense pas forcément plus qu'avant, au contraire. On fait peut-être même plus attention", explique Sophie Kielbasa. 
 

Si on enchaîne sa journée de boulot, on rentre le soir et qu'on doit faire des petits biscuits, on y réfléchit à deux fois je pense.

Sophie Kielbasa


Finalement, c'est surtout le temps qui peut manquer. Sophie Kielbasa, styliste-infographiste de métier, est en congés parental. Elle le concède, le zéro déchet, ça prend du temps. "Si on enchaîne sa journée de boulot, on rentre le soir et qu'on doit faire des petits biscuits, on y réfléchit à deux fois je pense."

Le bilan pour les deux familles au bout de trois mois est positif. Elles ont divisé presque par deux le poids de leurs ordures. Mais avec le confinement annoncé quelques jours plus tard, le défi semble plus compliqué que prévu. 

Avec le confinement, "on est un peu retournés dans nos chemins traditionnels"

Le 17 mars 2020, les soixante familles amiénoises participant au zéro déchet sont à deux mois de la fin du défi. Si en pleine crise sanitaire, les esprits sont ailleurs, toutes ont quand même tenté de maintenir la cadence. "On a repris un peu le drive, les courses emballées, etc. On a quand même essayé de voir s'il y avait des alternatives possibles, mais on est un peu retournés dans nos chemins traditionnels", avoue Geoffroy Caplain. 

La famille Kielbasa a profité du confinement pour installer son composteur et essaie de réduire ses courses au maximum. "J'ai la matière première : la farine, le sel, l'eau. On peut faire des brioches, des pâtes, du pain... Au début on s'est demandé comment on allait faire, mais finalement on s'en sort pas mal je pense", affirme Sophie Kielbasa.

Sur les soixante familles participantes, en moyenne, les déchets ont un peu réaugmenté en mars, mais sans jamais atteindre les chiffres initiaux du mois de novembre 2019. Au total, les déchets par personne sont passés de 7,45 kilos en février à 8,69 kilos en mars.

Une véritable prise de conscience

Un an après le début du défi, les deux familles sont parvenues à garder le cap. Chez Sophie Kielbasa, le composteur est toujours bien en place, et bien rentabilisé. Il leur permet de diminuer leurs déchets de 30 à 40%. "Une fois qu'on a installé le composteur, on a vu la différence. C'est phénoménal !", affirme-t-elle.

Phénoménal, c'est le terme. La famille Kielbasa ne produit plus que 400 grammes de déchets pour 15 jours. "Si on poursuit ainsi sur un an, on est à 7,8 kilos pour notre foyer en déchets ménagers, alors qu'au début c'était ce poids-là mais par semaine."

 

On en arrive à un stade où on culpabilise si on achète quelque chose qui va peser plus que prévu dans la poubelle

Sophie Kielbasa


Pour parvenir à ce résultat incroyable, il a fallu faire de profonds changements. "On en arrive à un stade où on culpabilise si on achète quelque chose qui va peser plus que prévu dans la poubelle, confie Sophie Kielbasa. On pense à l'avenir des générations futures et si on fait rien, les choses ne changeront pas."

Chez les Caplain, en six mois de défi, leurs déchets ont diminué de 25%. Le pari est donc réussi, même si Geoffroy estime leur parcours toujours perfectible. "Dès qu'on a du temps c'est tout de suite plus facile. Mais il ne faut pas tomber dans la facilité parce qu'on a toujours du temps pour rester sur notre téléphone, mais pas forcément pour faire des choses maison", estime-t-il.

Sur les soixante familles qui se sont lancées dans ce défi, seules six ont quitté l'aventure en cours de route. Les autres ont en moyenne obtenu un résultat final satisfaisant, passant de 11,25 kilos d'ordures par mois et par personne, à 8,16 kilos.

Certains jettent même aujourd'hui 700 grammes de déchets recyclables par mois. Un record jamais atteint lors des deux précédentes éditions. Des beaux résultats, même s'il faut être lucide quant à l'accession du zéro déchet par tous. "Un foyer qui va avoir de grosses difficultés financières, dont la première préoccupation va être de payer la cantine de ses enfants, ne va pas avoir un espace libre dans la tête pour se préoccuper de ses déchets", avoue Jihane Miladi de l'association En savoir plus. "Ceci dit, il y a beaucoup d'étudiants qui se préoccupent d'une démarche zéro déchet alors que l'on sait très bien que la précarité étudiante existe", poursuit-elle. La mairie d'Amiens envisage en tout cas d'organiser une 4e édition de ce défi zéro déchet.

Découvrez le défi zéro déchets des familles Caplain et Kielbasa en images :
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