Témoignage. Policiers au bord de la crise de nerfs

Publié le Mis à jour le Écrit par Camille Di Crescenzo

Près de 1500 fonctionnaires de police des Hauts-de-France ont pris sur leur jour de repos pour rejoindre la manifestation à Paris. Au centre de leurs préoccupations : la hausse des suicides et des agressions, la défense des retraites et le manque d'effectifs.

À l'appel d'une intersyndicale, des milliers de fonctionnaires de police manifestent à Paris ce mercredi. Plus d'un millier viennent des Hauts-de-France. Ils ont pris sur leur jour de repos pour participer à cette marche de la colère. Gardiens de la paix, officiers, commissaires, personnels administratifs, 15 à 20 000 personnes, tous corps confondus sont attendues à Paris.

"C'est un chiffre fort dans la mesure où je le rappelle les statuts du policier ne l’autorisent pas au droit de grève donc les policiers présents aujourd'hui viennent sur leur temps de repos bien évidemment" rappelle Stéphane Fiévez, secrétaire départemental de l'Unité SGP Police-FO de la Somme.
Pour le syndicaliste, cette manifestation reste exceptionnelle. "On n'avait pas vu une telle mobilisation depuis 2001".
Une mobilisation sur fond de malaise de l'institution.
"C'est un signal qu’on veut donner à l’exécutif, au chef de l’État, au chef du gouvernement. On a dénoncé depuis plusieurs années le malaise qui règne au sein de la police. On n’est pas écouté. On n’est pas entendu alors on veut marquer le coup aujourd'hui".
 

"Les conditions de travail sont déplorables"


État des bâtiments, organisation du planning, les policiers remettent en question les conditions de travail. 
"Il faut vraiment qu’on trouve une nouvelle organisation pour permettre aux fonctionnaires de police d’avoir un week-end sur deux minimum de repos" détaille Stéphane Fiévez. "Il faut savoir qu’ils ont un week-end toutes les 6 semaines de repos en famille et ça crée une désocialisation du policier et malheureusement on en arrive au triste chiffre, je dirais le chiffre de la honte de 52 suicides depuis le début de l’année dans nos rangs. Il faut que ça cesse, il faut arrêter. Il faut tout remettre à plat, il faut tout repenser". 
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé en avril la création d’une cellule de suivi des fonctionnaires en détresse. Un dispositif qui n’a pour le moment pas encore produit d’effet.

"C'est une question de moyens"


Les syndicats de police ont présenté des projets de réorganisation du travail mieux adaptés au rythme de travail de la police. "À Amiens, on a mis en place une organisation de travail depuis octobre 2015. C’est ce qu’on appelle la vacation forte qui permet à nos collègues d’avoir un week-end sur deux, un mercredi sur deux, mais sur une vacation de 9h30". Un cycle de travail remis aujourd'hui en question par l'administration car trop gourmand en effectifs. Celle-ci propose de rallonger la durée des vacations. "À Amiens, on est extrêmement satisfait de la vacation forte et on a même peur que si le cycle de 12h08 est validé, qu’on tente de nous l’imposer. C’est l’inquiétude de mes collègues pour Amiens". 
 

"Nos retraites, ça nous inquiète"


L'autre point d'inquiétude des agents du ministère de l'Intérieur concerne les retraites et notamment la remise en question de leur statut. "Ce n’est pas normal que les policiers rentrent dans le régime général. On est rappelé sur nos jours de repos. On est décalé du jour au lendemain, je dirais même d’une heure sur l’autre (..) tout ça fait qu’on a un statut spécial. En plus, il faut savoir que policier est un métier qui est très dangereux". 

Ce mercredi, avec la mobilisation exceptionnelle annoncée, les fonctionnaires de police veulent y croire. 
"Il est temps que le gouvernement prenne conscience de nos difficultés et y remédie. Nous, on est des hommes d’action. Sur le terrain, on ne rechigne pas alors maintenant on demande à nos dirigeants « agissez » « agissez maintenant » ". 




 
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