Climat : pour faire face au recul du trait de côte, Ault et Saint-Quentin-en-Tourmont s'inscrivent parmi les 126 communes prioritaires

Le gouvernement a publié samedi 30 avril, le décret dévoilant une première liste de 126 communes volontaires, concernées par les modifications de la loi Climat et Résilience de 2021. Une liste évolutive à laquelle se sont inscrites deux communes des Hauts-de-France, Ault et Saint-Quentin-en-Tourmont.

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Selon l’indicateur national de l’érosion côtière, environ un cinquième du littoral français (hors Guyane) est assujetti au recul du trait de côte. Les Hauts-de-France ne sont pas épargnés. Avec ses plages sableuses, ses dunes côtières et ses falaises, une grande partie du littoral est sujette à des phénomènes d'érosion et de submersion marine depuis plusieurs décennies, aggravés par le réchauffement climatique et la pression humaine. Face à ces risques, la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 prévoit de nouvelles dispositions pour les communes en première ligne.

Les maires devront réaliser des cartes du risque de recul du littoral à 30 ans et 100 ans, cartes qui serviront de base à de nouvelles règles d'aménagement du territoire, pouvant aller jusqu'à des interdictions de construire.

Dans un premier temps, 126 communes, en métropole et en Outre-mer, se sont inscrites sur la liste publiée samedi 30 avril au journal officiel, dont deux seulement dans la région Hauts-de-France : Saint-Quentin-en-Tourmont et Ault.

Située aux portes sud de la baie de Somme, la falaise d'Ault a perdu des dizaines de mètres au siècle dernier. Cet été encore, s'est produit un petit éboulement et une rue au bord, a bougé de quinze centimètres.

"Actuellement, on a un PPR [plan de prévention des risques] qui est annexé au plan d'urbanisme et qui est très restrictif, déplore Marcel Le Moigne, maire d'Ault. Ce que change la loi, c'est l'analyse du risque. Ça permettra d'avoir plus de facilités pour aménager son logement. L'État peut accompagner les travaux de la commune. On ne désespère pas notamment pour la réfection de la digue. Il reste 160 m pour terminer la digue sauf que les services de l'État ne veulent pas en entendre parler actuellement. On entretient mais on ne fait pas d'ouvrages de défense supplémentaires. Avec la loi, nous espérons y arriver. Je pense que nous avons tout à gagner à s'inscrire à ce dispositif. Il y a quand même dans cette loi plus de discussions possibles que par rapport à l'application du PPR".

Celles des 126 communes n'ayant pas encore de "plan de prévention des risques littoraux" devront réaliser la cartographie de l'évolution du trait de côte à 30 et 100 ans. Une cartographie dont le coût sera financé par l'Etat de 80%.

"Il faut affronter le problème"

Au nord de la baie de somme, les 300 habitants de Saint-Quentin-en-Tourmont s'estiment beaucoup moins menacés. Pour autant, le maire et son conseil municipal ont décidé à l'unanimité de suivre les recommandations du ministère de la Transition écologique. "Nous sommes l'une des communes les moins concernées par ce problème-là, estime le maire, Francis Gouesbier, parce qu’on a quand même des digues qui font 80m de large sur 30m de haut mais par contre, la volonté du conseil municipal était de dire qu’un jour à l’autre, il faudra affronter le problème. Donc autant l'affronter tout de suite. Et sur le dossier trait de côte, on va s'y pencher dès septembre".

Dans les zones exposées à l'horizon de 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, mais avec des exceptions pour l'extension des bâtiments existants ou l'installation des services publics et de nouvelles activités économiques nécessitant la "proximité immédiate" de la mer. Les zones à l'horizon 100 ans restent constructibles, avec à terme une obligation de démolition quand la menace se rapprochera. 

"Cette application de la loi littorale est beaucoup plus douce, se réjouit le maire d'Ault. Ce sont des projections sur l'avenir qui peuvent être développées. Par exemple, on peut considérer qu'on peut construire quand même dans la zone du Moulinet puisqu'on considère qu'il va compenser la disparition du premier rideau de maisons".

Mais l'association des maires de France (AMF et l'association nationale des élus du littoral (ANEL) jouent la prudence. Elles regrettent certains flous juridiques et "déplorent un passage en force du gouvernement"

Certains élus s'interrogent. Ils considèrent qu'ils manquent d'informations tant sur les données scientifiques existantes que sur les obligations qui leur sont faites.

"Moi, je me sens hyper concerné, affirme Jean-Paul Lecomte, maire de Cayeux-sur-Mer, sauf qu'on n'est pas venu me voir. Moi, je ne signe pas des chèques en blanc. Oui, on va être englouti par la mer mais personne n'est venu me démarcher. Il faut un minimum de concertation. Moi, je suis monsieur Rapin, président de l'ANEL, qui dit que ça a été trop vite réalisé. Nous, on est d'accord mais il faut qu'on nous explique. On n'a pas attendu. On n'a pas pris position parce qu'on fait déjà le boulot. On travaille par anticipation depuis des décennies. Je travaille sur le boulevard maritime de Cayeux. On a voté un PPRN local. On a la culture du risque".

De la Manche à la mer du Nord, de la Baie de Somme à la Côte d'Opale, les Hauts-de-France offrent un littoral exceptionnel de plus de 190 km. Un littoral placé sous haute surveillance. Selon Géodunes, sur 16 sites sélectionnés de la baie d'Authie à la frontière belge, la moitié présente un bilan négatif quant à l'évolution du trait de côte en dix ans.

En France, 20 000 km de littoral dont 22% des zones côtières sont soumises à un phénomène d'érosion. 650 km de littoral sont en recul, dont 270 km à une vitesse moyenne de 50 cm par an. 50 000 logements en France pourraient être touchés d'ici 2100.

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