Pour diversifier son corps étudiants, Sciences Po Paris a lancé en 2001 le dispositif des "conventions éducation prioritaire" destinées aux élèves issus des zones d'éducations prioritaires. 20 ans plus tard, ce dispositif s'étend aux établissements situés dans les zones rurales comme le lycée d'Authie à Doullens dans la Somme.
Au lycée d'Authie de Doullens, depuis le mois de septembre, des ateliers de préparation à Sciences Po Paris sont proposés aux lycéens. Deux heures de cours qui s'ajoutent à leurs emplois du temps.
Ce jour-là, ils parlent de la guerre en Ukraine et de la stratégie militaire de la Russie dans ce conflit. Rien ne prédisposait pourtant les six élèves inscrits à suivre ces cours, il a fallu pour certains les persuader qu'ils étaient légitimes.
"Montrer aux jeunes qu'ils ont les capacités d'intégrer Sciences Po Paris"
"Je pensais que je n’avais pas les capacités pour faire telles études et maintenant, parce qu'il y a des professeurs derrière moi, qui m’encouragent, cela me donne confiance et je me dis que c'est possible", témoigne Lise Davion, l'une des élèves de seconde qui participe au cours.
Ces cours préparatoires leur permettent de s'ouvrir, de renforcer leurs points forts, de colmater leurs faiblesses et de développer leur esprit critique. Mais ils permettent aussi de montrer aux lycéens, dont la moitié est issue de catégories socioprofessionnelles défavorisées, qu'ils ont le potentiel pour rejoindre une grande école.
"Nous avons des jeunes ou des familles qui estiment que ça n’est pas pour eux, atteste le professeur d’histoire-géographie du lycée, Bertrand Normand. C'est un enjeu extrêmement important pour nous de convaincre ces jeunes et les familles, qu’ils ont les moyens d’intégrer Sciences Po Paris".
Désenclaver le territoire
Le lycée qui se trouve à Doullens, dans une commune rurale de la Somme, n'est plus desservi par le train depuis de nombreuses années.
"Nous sommes sur un territoire ouvrier qui a été désindustrialisé et qui laisse la population dans un grand désarroi avec un manque de perspective. On doit montrer à nos élèves que l’égalité des chances quel que soit le territoire, c'est possible !"
Nathalie ProstLa proviseure du lycée d'Authie
Ces cours préparatoires portent déjà leurs fruits, car ils font germer de nouvelles idées dans les esprits des élèves. Liam El Bour, élève de seconde, qui voulait devenir huissier de justice envisage désormais un autre avenir : "j'imagine pour la suite une petite carrière dans la politique en tant que député ou ministre".
Aujourd'hui, le lycée d'Authie n'est pas le seul à utiliser ce dispositif d'atelier conventionné. En 20 ans, ce sont près de 15 000 élèves qui y ont participé et près de 2 300 qui ont réussi à intégrer Sciences Po Paris.