Alors que des doutes apparaîssent quant à la fiabilité des tests d'urine menés par un laboratoire allemand pour détecter la présence de glyphosate, les pisseurs involontaires d'Abbeville maintiennent leur position : il faut appliquer un principe de précaution sur cette substance.
Ce vendredi 20 décembre, un article du Point relayait une action de la FDSEA du Finistère qui avait décidé d'éprouver le sérieux des tests urinaires de détection du glyphosate menés par le laboratoire allemand BioCheck. En comparant les résultats du laboratoire basé à Leipzig à ceux d'un laboratoire brestois, ils avaient conclu à une opération de manipulation.
Un test sérieux et rigoureux
"Je ne suis absolument pas surprise, explique Catherine Zambon, coordinatrice de la campagne des pisseurs involontaires de glyphosate dans la région d'Abbeville. On est attaqués là-dessus depuis le début parce que notre position dérange les pouvoirs publics comme les syndicats agricoles qui défendent l'utilisation de pesticides."Pour la militante, qui reconnaît volontiers ses limites en terme de connaissances scientifiques, le test du laboratoire allemand - qui répond à la méthode dite Elisa - a été choisi par le collège scientifique du mouvement national pour la rigueur de son protocole et sa capacité à détecter des quantités infimes de glyphosate dans l'urine.
Principe de précaution
Mais au-delà du débat sur la méthode, elle en appelle au principe de précaution. "Nous ne prétendons pas que la présence de glyphosate dans notre urine est dangereuse. Pour être honnête, on n'en sait rien, explique-t-elle. Par contre, ce dont nous sommes sûrs, c'est que nous n'avons pas demandé à en avoir."Et la préoccupation citoyenne au sujet des pesticides existe. Pour la seule ville de Drucat, près d'Abbeville, ce sont 46 personnes qui se sont soumises au test d'urine, contrôlé lui aussi par un huissier. "Il est évident que la FNSEA, qui défend l'utilisation de pesticides, n'a aucun intérêt à révéler que ses agriculteurs ont du glyphosate dans leur urine, développe-t-elle. Alors que nous, nous ne représentons pas un corps de métier, nous ne sommes que des citoyens."
C'est pourquoi la coordinatrice tient à se tenir éloignée de ces polémiques qu'elle juge stériles. "Nous ne sommes pas en guerre avec les agriculteurs, conclut-elle, mais plutôt dans l'empathie et la solidarité : on veut aussi qu'ils arrêtent de se cramer."