À Amiens, le collectif citoyen des pisseurs involontaires de glyphosate appelle la population à participer à une campagne d’analyses d’urines, pour y rechercher des traces de pesticide. Des plaintes seront ensuite déposées notamment pour "mise en danger de la vie d’autrui."
 

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Après le Gard, la Bretagne ou encore les Bouches-du-Rhône, une initiative pour détecter la présence de glyphosate dans les urines va être lancée à Amiens et ses environs. Un collectif local des pisseurs involontaires de glyphosate, formé fin août, lance un appel sur la métropole pour inviter la population à participer à une campagne d’analyses. Mercredi 4 septembre, une première réunion d’information aura lieu à 18h dans les locaux de l’association la Boite Sans Projet.

Les tests devraient avoir lieu en décembre : ils se font à jeun, en présence d’un huissier. Les prélèvements seront ensuite envoyés au laboratoire Biocheck, en Allemagne. Les résultats seront connus un mois plus tard, mais il n’y a guère de suspense : sur les analyses qui ont été faites ailleurs, "100 % ont été positives, preuve de la présence des pesticides dans notre organisme", note Campagne glyphosate sur son site. "Parfois, les taux dépassent les 3 ng/ml, ce qui est beaucoup", précise Romain Ladent, l’un des six membres actifs du collectif amiénois.
 

Ce glyphosate est présent dans les aliments et dans l’air : même si on mange bio, on peut être voisin d’un agriculteur qui utilise du glyphosate, et en avoir donc dans notre corps.
 

Mise en danger de la vie d'autrui


Le collectif indique viser entre 40 et 50 participants. Déjà au début de l’été, une cinquantaine de volontaires ont fait le test à Abbeville et ses alentours, sur une proposition de l’association Novissen. Dans les deux cas, la campagne a pour but de porter ensuite plainte, surtout pour les personnes avec des taux élevés de pesticide dans le corps. "Ce sont des plaintes pour mise en danger de la vie d’autrui, tromperie aggravée et atteinte à l’environnement. Elles sont individuelles, mais portées collectivement, explique Romain Ladent. Elles visent l’Etat et, de façon sous-jacente, les multinationales comme Monsanto." Romain Ladent souligne que l’action ne vise pas à pointer du doigt les agriculteurs : "On sait que pour mettre en place une production plus écologique, il faut d’abord qu’ils en aient les moyens."
 


Déjà plus de 1.500 plaintes en France

 

C’est une campagne de sensibilisation, ajoute-t-il. Selon le principe de précaution, nous voulons l’interdiction du glyphosate au niveau des producteurs locaux. La question doit être dans le débat des municipales, c’est pourquoi nous interpellons les élus et les candidats, nous souhaitons qu’ils prennent position. À Amiens par exemple, on prône le bio dans les cantines : alors il faut une cohérence, on ne peut pas faire un repas bio par semaine si c’est pour avoir des pesticides dans les autres repas !


Le test urinaire coûte 135 € (85 € pour l’analyse et 50 € pour les frais de justice). Une campagne de financement a cependant été lancée pour permettre à ceux qui n’en ont pas les moyens de faire les analyses eux aussi. Cette grande campagne d’analyses a été lancée en Ariège en avril 2018. Depuis, plus de 5 500 "pisseurs" ont participé. À l’échelle nationale, déjà plus de 1 500 plaintes ont été déposées, centralisées par le parquet de Paris.
 
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