Le syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard a décidé de modifier le règlement intérieur de l'Aquaclub de Belle Dune à Fort-Mahon en autorisant le port du burkini, suite à une décision du Défenseur des droits. Après la polémique, il revient sur sa décision.
En août 2016, deux clientes se voient refuser l'accès à la piscine de l'Aquaclub de Belle Dune, qui reçoit près de 200 000 visiteurs par an, car elles portaient toutes les deux un burkini, c'est-à-dire un maillot de bain intégral.
"Je ne dois absolument pas baisser la garde en ce qui concerne les mesures de sécurité et d'hygiène, au même titre que les shorts de bain pour les hommes", assure Eric Baledent, directeur de l'Aquaclub.
"Les personnes habillées ne sont pas non plus autorisées au bord du bassin, simplement pour ne pas qu'il y ait de dépôt de matière organique, je ne veux prendre aucun risque", ajoute-t-il.
Éviter une éventuelle condamnation
Face à cette interdiction, l'une des deux femmes, estimant avoir été victime de discrimination, décide de saisir le Défenseur des droits, une autorité administrative indépendante chargée de défendre les droits des citoyens face aux administrations.
Celui-ci précise que ce refus d'accès constitue une discrimination fondée sur la religion selon la Convention européenne des droits de l'homme.
L'Aquaclub réécrit alors son règlement, permettant désormais aux femmes vêtues d'un burkini d'aller à la piscine, à condition qu'il corresponde aux normes d'hygiène, c'est-à-dire un vêtement en lycra type maillot de bain.
"Si nous n'autorisons pas le burkini, nous risquons d'être condamnés alors que notre but n'est pas de faire de la discrimination. Notre établissement reçoit tout type de public, de toutes les origines et de toutes les cultures", affirme Eric Balédent.
Contraire à la laïcité pour Xavier Bertrand
Une décision que le directeur de l'Aquaclub assume et qui n'est pas du goût de tout le monde. Ce jeudi, la conseillère régionale RN de Picardie, Patricia Chagnon, a annoncé la mise en ligne d'une pétition pour que le burkini soit interdit.
Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand a immédiatement réagi sur son compte Twitter, y voyant notamment une atteinte à la laïcité.
"Il est interdit de se baigner habillée pour des raisons d'hygiène mais il serait permis de le faire pour des raisons religieuses. Sommes-nous naïfs à ce point ? Faisons primer le bon sens et respecter -sans équivoque- la laïcité, l'égalité et toutes nos lois républicaines", a-t-il écrit.
Il est interdit de se baigner habillée pour des raisons d’hygiène mais il serait permis de le faire pour des raisons religieuses ! Sommes-nous naïfs à ce point ? Faisons primer le bon sens et respecter - sans équivoque - la laïcité, l’égalité et toutes nos lois Républicaines. pic.twitter.com/STk5Z2qILh
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 14 mars 2019
Rétropédalage
Une réunion de crise s'est tenue ce vendredi après-midi au syndicat mixte Baie de Somme Grand littoral picard.
Finalement, le gestionnaire du centre aquatique revient en arrière et veut éteindre la polémique. "Aujourd'hui, nous revenons dans le droit commun de toutes les piscines de France qui interdisent le burkini", confirme le président du syndicat mixte Stéphane Haussoulier.
"Il s’avère qu'elles sont tout à fait légitimes à restreindre leur accès pour des questions d’hygiène et de salubrité publique", ajoute-t-il dans un communiqué.
Au vu de ses nouveaux éléments, le règlement intérieur de l'Aquaclub sera précisé lors d'un prochain comité syndical.