Le petit mémorial de Moreuil célèbre une action qu’on a peine à imaginer : ici, le 30 mars 1918, les cavaliers canadiens ont chargé l’infanterie allemande. Sabres au clair, face aux mitrailleuses ! Les Allemands avancent depuis neuf jours, Amiens n’est plus très loin. La cavalerie doit les stopper. La mission sera réussie, mais à quel prix !
Les Britanniques souffrent depuis que l’ennemi est passé à l’attaque. Les Allemands ont réussi à franchir le réseau de tranchées resté figé pendant quatre ans. La guerre de position est terminée, place au mouvement. Les cavaliers remontent à cheval et 1200 Canadiens sont envoyés vers Moreuil. Leur objectif : reprendre un bois que les Allemands occupent. Les chevaux sont décimés, des unités mettent pied à terre, et se battent, baïonnette au fusil. La mêlée est confuse, acharnée.
Dans ce mémorial également, la tombe de Gordon Flowerdew. Engagé en 1914, il est passé caporal, puis sergent, et enfin lieutenant. Le général Seely lui demande de mener la charge. «C’est un moment extraordinaire. J’essaierai de ne pas vous décevoir» Pendant que des troupes progressent à pied, il contourne le bois avec 100 cavaliers, et repère 300 Allemands faisant retraite : "it's a charge, boys, its' a charge" crie-t-il à ses hommes. C'est la cavalcade. Un soldat décrit ce moment irréel, sous la mitraille : « Les gémissements des blessés, les hennissements pitoyables des chevaux en train de mourir.»
Les Canadiens tirent, cachés derrière leurs bêtes agonisantes, les hommes sont fauchés, des deux côtés. Blessé, Flowerdew mourra le lendemain et recevra la Victoria Cross, à titre posthume. 350 Canadiens et 800 chevaux sont tombés. Maîtres du champ de bataille pour quelques heures, les cavaliers poursuivent la lutte, sous les obus. Le bois sera définitivement libéré au mois d’août.
Toute la collection des 670 vidéos Histoires 14-18