Inondations dans un quartier de Doullens : "aujourd'hui, on paie des décennies de construction sur des milieux naturels"

Le 7 février, l'eau de la rivière Grouche a envahi la rue d'un quartier de Doullens, déjà victime de plusieurs inondations depuis quinze ans. La mairie est intervenue rapidement pour éviter les dégâts dans les habitations, mais des aménagements vont devoir être réalisés en ville.

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"Grosse frayeur hier !", souffle Christelle Hiver, maire (divers droite) de Doullens. En début d'après-midi, le 7 février, la Grouche, petite rivière qui traverse la commune, est sortie de son lit et a commencé à envahir la voirie de l'impasse de Milly. 

"Nous avions été prévenus par le centre de secours et d'incendie, donc nous avons mis en place la pompe que nous avions achetée il y a quatre ans, qui permet d'évacuer 1000 mètres cubes par heure, pour tenter d'éviter cette montée des eaux qui malheureusement se passe très classiquement ici", ajoute Christelle Hiver. 

Inondations à répétition 

Ce quartier a en effet été victime de cinq inondations sur les quinze dernières années.

"Il y a un an ou deux déjà, on a connu cette situation désagréable, deux fois en une semaine, se souvient Daniel Lefebvre, habitant du quartier. Et là, on a encore eu peur, car on voyait l'eau qui montait, qui montait...  On a été sauvés par la mairie, ils ont vraiment fait le nécessaire. Il y a quelques années, on était livrés à nous-mêmes, c'était épouvantable, l'eau rentrait dans la maison, le carnage."

Cette fois, si les services techniques n'ont pas pu empêcher l'eau débordant du réseau pluvial d'envahir la chaussée, ils ont fourni des sacs de sable et des parpaings aux habitants pour éviter les infiltrations dans les maisons. Avec succès.

"On ne peut plus consommer des espaces naturels comme on le faisait avant"

D'après une étude réalisée par la mairie il y a cinq ans, la vulnérabilité de ce quartier de Doullens est accentuée par le mauvais dimensionnement du pont Margry, qui enjambe la Grouche au niveau du boulevard Ernest Dehée. C'est justement là que la mairie positionne sa pompe lorsque la rivière menace. 

"Le passage de l'eau n'est pas suffisamment large pour emmener toute l'eau vers la baie d'Authie, regrette Christelle Hiver. Et surtout, on a énormément de réseaux sous le pont, ils prennent beaucoup de place et réduisent la hauteur d'écoulement des eaux. C'est sur ces deux points qu'il va falloir travailler, avec les concessionnaires, pour dévoyer des réseaux et créer des voiries d'accès pour les habitants des résidences." 

Mais la maire de Doullens n'élude pas la dimension plus large de ces phénomènes d'inondations.

"Des solutions, il en existe, mais à long terme, aujourd'hui, on paie des décennies de construction sur des milieux naturels, de bétonisation. La nature nous rappelle qu'elle est la plus forte dans l'histoire, constate-t-elle. Il y a maintenant des dispositifs incitatifs de l'État, heureusement, notamment la reconversion des friches pour éviter de construire sur des milieux naturels, il y a une véritable prise de conscience. On ne peut plus consommer des espaces naturels comme on le faisait avant." 

Une prise de conscience qui ne suffit pas pour l'instant à rassurer certains habitants du quartier.

"On commence à avoir peur, ça se produit ici, mais aussi partout. Il y a un phénomène qui se produit, on ne peut rien faire, on va encore subir dans les prochaines années", se projette Daniel Lefebvre. Il espère néanmoins que l'aménagement du pont Margry permettra de stabiliser un peu la situation de sa rue. 

Avec Émilie Boulenger / FTV 

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