"J'aimerais inciter le plus grand nombre à faire pareil" : Aya, la tiktokeuse au million d'abonnés qui vient en aide aux sans-abris

Suivie par plus d’un million de personnes sur le réseau social TikTok et presque autant sur Instagram, l’Amiénoise Aya offre aux sans-abris des "journées d’évasion". Un concept de vidéos que la jeune femme de 23 ans a développé pour venir en aide aux sans domiciles fixes.

"Est-ce que ça te dit de passer une journée différente des autres ?" Micro discret en main, Aya propose à Pierre, sans domicile fixe à Amiens, de passer une journée à ses côtés. Au programme : passage chez le coiffeur, session shopping et déjeuner. "Cela fait plus de quatre ans que je ne suis pas allé me couper les cheveux, je ne peux pas me le permettre", explique le jeune homme de 36 ans.

L'influenceuse prend en charge l'ensemble des dépenses. "L'idée, c'est de leur changer les idées, qu'ils ou elles prennent du bon temps, explique la jeune femme de 23 ans, et la plupart me livrent aussi leur histoire, pourquoi ils sont à la rue".

Sur les réseaux sociaux depuis un peu plus d'un an, Aya décide de filmer ces journées d'évasion et parvient ainsi, grâce à la monétisation de ses vidéos, à financer son initiative. "Souvent je rajoute un peu de ma poche, ça ne me dérange pas, ajoute-t-elle, ce qui me gêne ce sont les personnes qui pensent que je me fais de l'argent sur le malheur des autres alors que c'est complètement faux."

Étudiante en psychologie à Amiens, Aya réalise ses vidéos sur son temps libre. Une passion qui lui prend du temps : "même quand je suis avec mes amis, je ne peux pas m'en empêcher, explique-t-elle, pas plus tard qu'hier j'ai aidé un petit garçon dans la rue, toute la journée jusqu'à 1h du matin." Depuis le lancement du concept sur sa chaîne TikTok lbns.a, la créatrice de contenu a publié des dizaines de vidéos où elle vient en aide aux sans-abris.

Engagée depuis l'enfance 

Dans une vidéo publiée sur son compte TikTok, Aya revient sur sa propre histoire. "Ma mère biologique m'a abandonnée. À ma naissance, elle a décidé de me mettre dans une boîte à chaussures et l'a donnée à mon père. Ils venaient de divorcer, ajoute la jeune femme, mais comme mon père partait en France et qu'il ne pouvait pas m’emmener avec lui, il m’a confié à sa sœur."

"Mon engagement ne vient pas de nulle part, c’est lié à mon histoire"

Aya, tiktokeuse

À l’adolescence, elle quitte le Liban où elle est née pour la France. Un "moment qui n'a pas été simple" et qui explique l’engagement de Aya auprès des plus démunis. "Quand je suis arrivée, j'avais en tête une certaine image de la France et j'ai été très choquée de voir de nombreux sans-abris, de la misère dans les rues…Cela a été très difficile pour moi."

Petite déjà, la jeune femme fait preuve de beaucoup d’empathie et dit avoir "toujours su" qu'elle ferait de "bonnes actions".

Un exemple pour les jeunes générations 

Quand Aya réalise ses vidéos, elle a à cœur d'aider les sans-abri à s'en sortir. Et si toutes les histoires la touchent, certaines la marquent plus que d'autres. "Celle qui m'a le plus émue, c'est Nathalie, raconte l'influenceuse, elle vivait dans un box en sous-sol et voulait mettre fin à ses jours. Je l'ai accompagnée dans la recherche d'un appartement et d'un nouvel emploi et aujourd’hui, elle est transformée. Nous sommes encore en contact !"

La jeune femme souhaite aussi ouvrir la voie : "dès que tu tends la main à une personne dans le besoin, tu peux l'aider à s'en sortir, j'aimerais inciter le plus grand nombre à faire pareil". Suivie par plus d'un million de personnes sur TikTok, chacune de ces vidéos est visionnée par plusieurs centaines de milliers d'internautes, pour la plupart des adolescents (les utilisateurs de TikTok ont entre 13 et 24 ans en moyenne). "Je veux transmettre le bon comportement et je crois que ça fonctionne : certaines de mes abonnées n'osaient pas aborder les sans-abri avant de tomber sur mon compte. Mes vidéos les ont débloquées en quelque sorte !"

À 23 ans, l'influenceuse au grand cœur veut se recentrer sur elle, mais continuera d'offrir des journées d'évasion aux plus démunis. "Aider, c'est dans mon ADN, je ne peux pas faire autrement."