La taxe d'habitation en hausse sur le littoral picard : "Airbnb, c'est bien, mais c’est un inconvénient pour nous. Ça vide la ville."

À Mers-les-bains, la municipalité a décidé d'augmenter la taxe d'habitation de 30%, uniquement pour les résidences secondaires. La mesure fait débat au sein de la population.

En ce début de mois de septembre, les badauds sont nombreux dans les rues de Mers-les-bains. Pourtant, une fois le froid de l'hiver de retour, certains commerces fermeront et les touristes retourneront chez eux.

Ce sont ces habitants de passage que vise la mairie dans sa réforme fiscale. La taxe d'habitation augmente de 30% cette année, mais ça ne concerne que les résidences secondaires. "Nous avons pris cette décision en 2020 après un recensement. Nous avons réalisé qu'avant, il n'y avait que 45% de résidences secondaires contre 58% en 2020. Les quartiers qui étaient consacrés à l’habitat au titre de la résidence principale se trouvaient grignotés par de la résidence secondaire, donc c’est une volonté de rééquilibrer. Une commune doit vivre toute l’année et ne pas être une ville-dortoir huit mois sur douze.", raconte Michel Delépine, le maire de la ville.

Des avis partagés

Parmi ses administrés, les avis divergent. Véronique fait partie des 1800 habitants qui vivent dans cette cité balnéaire à l'année : "Moi, je pense que c’est bien parce que quand on a une résidence secondaire, c'est qu'on a les moyens. Il faut que chacun y mette du sien. Quand on est un peu plus fortuné, eh bien, on partage sa richesse", affirme-t-elle.

Jean-Philippe Buse passe régulièrement des week-ends dans sa maison secondaire, dont il est propriétaire depuis trois ans. Il est tout à fait d'accord avec elle :" J'ai vu que la mairie augmentait la taxe d'habitation de 30% sur les 60% qu'elle aurait pu appliquer. Je paierai de bon cœur parce que c’est une magnifique station balnéaire qui mérite de vivre et pour bien vivre, il faut les moyens."

De son côté, Mathieu Becquet, agent immobilier sur la commune, s'inquiète davantage de cette mesure : "Quand on prend l'historique de la ville, les villas ont toujours été construites par des gens de l’extérieur pour faire des résidences secondaires. Après, si on veut changer la dynamique de la ville pour faire plus d’annuel, ce n’est pas forcément compréhensible. Je trouve ça un peu bête de freiner le secondaire alors que beaucoup de commerçants vivent de ça dans ce secteur. Je ne trouve pas forcément très utile", se désole-t-il.

Taxer pour investir dans la ville

Le maire Michel Delépine se défend de toute critique. Avec cette mesure, 120 000 € seront récupérés annuellement. Selon lui, l'argent sera réinvesti dans l'intérêt de tous les habitants. "Nous avons mis en route de façon simultanée une opération programmée d’amélioration de l’habitat au titre de la résidence principale uniquement. En priorité, cet argent servira pour ça en 2025, mais ça servira aussi à améliorer le cadre de vie : les équipements et les manifestations culturelles... Quand les habitants des résidences secondaires viennent en vacances, il faut qu’ils trouvent, eux aussi, une ville qui fonctionne et qui soit attrayante", se défend-il.

Une problématique qui questionne tout le littoral

Dans les communes limitrophes touchées par les mêmes problématiques, le débat questionne tout autant. Par exemple, à Ponts-et-Marrés, l'adjoint au maire, Bruno Langlois est "pour." Il témoigne : "Dans ma commune, à 3 km d'ici, on a du mal à loger les locaux parce qu'il y a 40 maisons libres avec personne dedans. Avec une taxe en plus, les gens vont commencer à réfléchir un peu. Airbnb, c'est bien, mais c’est un inconvénient pour nous. Ça vide la ville. Au dernier recensement, on a perdu 60 habitants. Et puis quand on passe à l’hiver, tout est fermé".

3 690 communes en France peuvent mettre en place cette taxe majorée, qui peut aller jusqu'à 60%.

Avec Rachel Desmis / FTV

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