Sécheresse. Dans l'Aisne et la Somme, les clubs amateurs de football face à des terrains impraticables : "on ne peut pas faire trois passes d'affilées"

À l'heure de la Coupe de France, les clubs de football amateurs subissent de plein fouet la sécheresse et les restrictions d'eau. Dans l'Aisne et la Somme, nombre d'entre eux se retrouvent face à des terrains grillés et impraticables qui ne favorisent ni le jeu ni la santé physique des joueurs.

"C'est catastrophique", lance Boris Arnould au bout du fil. Le responsable des seniors du club de football d'Anizy-Pinon dans l'Aisne se trouve en effet face à un terrain de foot sec et grillé. En cause, la sécheresse et le manque - voire l'absence - d'arrosage dus notamment aux restrictions d'eau préfectorales et municipales. 

Comme beaucoup de clubs amateurs de l'Aisne et de la Somme, les joueurs doivent désormais s'entraîner et jouer sur des terrains de plus en plus impraticables. 

"C'est impossible de faire du jeu"

Face à cette situation, les conséquences sont nombreuses. Elles se ressentent d'abord pendant les matchs et les entraînements. "C'est impossible de faire du jeu, de s'amuser au ballon. On est là pour ça au district, mais on ne peut pas faire trois passes d'affilées, regrette-t-il. Il y a plein de bosses, le ballon saute dans tous les sens". Il y a même "de la poussière quand on joue".

Boris Arnould note aussi que le terrain "n'est jamais roulé par la mairie", ce qui les pousse à faire appel à un agriculteur qui n'est d'ailleurs pas passé depuis quelque temps. Et même si l'Aisne est passé au niveau 1 sécheresse et permet l'arrosage des terrains de 18 heures à 10 heures, la municipalité "continue de le limiter à une fois par semaine". En effet, les mairies peuvent prendre des mesures restrictives à leur échelle si elles les estiment nécessaires. 

Au sein du club de Méaulte dans la Somme, si "le terrain se porte un peu mieux" depuis une semaine, cela n'a pas été le cas ces derniers temps. Le matériel d'arrosage n'étant pas arrivé, "il y avait une partie complètement grillée, c'était presque de la terre", a constaté Thibaut Dacheux, le président. Actuellement, la commune l'arrose avec les moyens du bord, en attendant un plus gros équipement. 

Le terrain est toujours plus ou moins dur et sec car il est en plein vent et ce n'est pas vraiment un terrain de fond. Mais c'est la première fois qu'il était aussi abîmé.

Thibaut Dacheux

Mais l'état de la pelouse du club de Méaulte et d'Anizy-Pinon est loin d'être un cas à part. Bien au contraire. Thibault Dacheux l'a constaté lors de plusieurs déplacements pour des matchs. "Ce week-end, on est parti jouer en Coupe de France à Roisiel, ce n'est plus que de la terre là-bas". Même chose lorsque l'équipe B a joué à Le Hamel ce samedi, "le terrain n'était pas arrosé".

De son côté, Thierry Moreau et son club de Bruyères-et-Montbérault ne sont pas les plus à plaindre car leur terrain d'honneur "qui sert les matchs officiels" a été régulièrement arrosé cet été. Il constate toutefois "que la pelouse a souffert" car même avec un investissement de "près de 5 000 euros d'entretien pour avoir des terrains de qualité, tout ce qu'on a mis est bon à refaire."

"Des risques de traumatisme articulaire et des brûlures" 

Les conséquences de ces terrains brûlés sont également physiques. "On ne travaille pas de la même façon, on fait plus de ballon et moins de foncier, de renforcements musculaires", détaille Thibaut Dacheux. La préparation physique a dû être allégée, "on a fait des petits jeux au lieu de faire des ateliers physiques".

Et qui dit terrain difficilement praticable dit plus de facilités à se blesser à cause de la dureté du sol. "Aujourd'hui, on a des risques de traumatisme articulaire et des brûlures, ça risque d'être dangereux", prévient Thierry Moreau.

Les blessures commencent déjà à se multiplier. Au club de foot Montdidier AC dans la Somme, un des joueurs s'est fracturé la jambe et a partagé la photo de son plâtre sur Facebook accolée à celle du terrain séché. "Voilà le résultat... Un beau terrain bien entretenu LOL", ironise-t-il en ajoutant qu'il est victime d'une fracture qui nécessite "6 semaines d'arrêt". 

Le club en question n'a pas hésité à partager la publication pour exprimer son soutien et appuyer le constat sur l'état de la pelouse. "Il y a encore quelques années, nous avions l'un des plus beaux terrains de Picardie", écrivent-ils sur leur page en ajoutant "la reprise des jeunes sera-t-elle possible avant septembre compte tenu de la dangerosité du terrain ?"

Autres incidents : "lors d'un match amical, un joueur s'est rompu les ligaments et il va se faire opérer", regrette Boris Arnould. Thierry Moreau a eu un cas similaire, mais préfère nuancer, "est-ce que c'est lié à l'état du terrain ? Les ruptures de ligament sont fréquentes."

Désormais, de nombreux paramètres sont à prendre en compte à cause de la qualité de certains terrains : éviter les blessures, accueillir plus de licenciés malgré tout comme le club d'Anizy-Pinon... Aujourd'hui, une question reste en suspens : "comment on fait ?", se demande Thierry Moreau.

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