Entreprises, syndicats et élus doivent se sont retrouvés vendredi 9 octobre à la préfecture de la Somme à Amiens au sein du premier comité de suivi de la filière aéronautique. Une filière qui subit durement depuis plusieurs mois les effets de la crise de la Covid-19.
"Ca fait des années qu'on demande un comité de suivi de la filière aéronautique. Il faut un travail paritaire pour ne pas gâter ce qui a été fait depuis cent ans ici." Julien Da'Rolt, secrétaire départemental CFDT et délégué syndical chez le sous-traitant AAA croit toujours manifestement dans l'avenir. "Si le comité est bien mené et que tout le monde est au même niveau, on pourra sauver la filière, les emplois et les compétences", espère-t-il.
L'installation de cette nouvelle instance par la préfecture de la Somme vendredi 9 octobre après-midi aura lieu dans un contexte plus que morose. Les turbulences que traverse le secteur aéronautique n'en finissent pas. Et les salariés des entreprises autour d'Albert dans la Somme en sont les premières victimes.
90% des emplois supprimés à AAA
Les plans de sauvegarde de l'emploi se sont multipliés parmi les sous-traitants depuis l'été et les négociations sont difficiles, chez AAA notamment. Dans cette société spécialisée dans la production, la réparation et la maintenance d’aérostructures, la situation est critique : 139 des 150 emplois du site seront supprimés, malgré la mobilisation des salariés ces dernières semaines.Dans le bassin d'Albert, pas moins de 600 emplois pourraient disparaître dans les prochains mois. Et Stelia Aerospace n'y échappe pas. Le géant de l'aéronautique prévoit de supprimer 290 postes sur 1545 du site de Méaulte. Avant la crise, Stelia Aerospace assemblait soixante pointes avant d’avions A320 par mois. La production mensuelle a chuté durant l'été à quarante. De même, la production de pointes d’A350 et d’A330 sont passées respectivement de dix à six et de cinq à deux.Il n'y a pas eu d'évolution. Les personnes licenciées toucheront à peine un peu plus que le minimum légal. Certains travaillent depuis trente ans dans l'aéronautique et se demandent ce qu'ils vont faire. Le nombre de dépressions est important.
Conscient du problème, le gouvernement n'a pourtant pas hésité à sortir le carnet de chèques, annonçant dès le mois de juin 2020 un plan de soutien de 15 milliards d'euro. Des aides à hauteur de 20 millions d'euros ont déjà été versées aux entreprises de la Somme.
Il faut sauver le soldat aéronautique et ses 300 000 emplois directs et indirects (dont 10 200 dans les Hauts-de-France) "à tout prix" comme disait le président Emmanuel Macron avant le confinement.
Chômage partiel, extension des garanties export, moratoire sur le remboursement de crédits à l'export et même un fonds d'investissement doté de 500 millions d'euros sont les mesures principales du plan de soutien. Un soutien qui doit aussi permettre de préparer l'avenir.
"Il y a aussi des aides publiques à la recherche et à l'innovation pour 1,5 milliard d'euros sur trois ans pour préparer l'avion vert du futur"
Le comité de suivi qui réunit des élus, des syndicalistes et des représentants d'entreprises devrait se tenir à intervalle régulier et pourrait également, selon la préfecture, se décliner en groupes thématiques pour travailler sur des points particuliers.